18/01/2013

Olivier de Miniac ( ou de Mauny)

Olivier de Mauny ou Olivier de Miniac, né vers 1320 et mort vers  9 juillet 1389, était un comte, baron de Thorigny (ou Torigny), seigneur de Marcé, seigneur de Lesnen, chambellan du duc d'Orléans et chambellan du roi. Conformément à ses dernières volontés, il fut inhumé dans la chapelle de Saint-Thual. Il fut un cousin de Bertrand du Guesclin.
Olivier de Miniac est un fidèle compagnon du connétable Bertrand du Guesclin avec lequel il participe à la bataille de Cocherel en 1364, une des batailles marquantes de la guerre de Cent Ans. Connu aussi sous le nom d'Olivier de Mauny, ce cousin de Bertrand du Guesclin le suit dans toutes ses guerres, du siège de Rennes à la mort du connétable à Châteauneuf-de-Randon en 1380.
Seigneur de Miniac (le chateau féodal du Bas-Miniac, en Miniac-Morvan), de Château-Gaillard, il est aussi bailli de Caen, comte de Thorigny.
Après Cocherel, il édifie le château de Lesnen, près de Tinténiac, en Ille-et-Vilaine, château aujourd'hui disparu, détruit au temps de guerres de la Ligue en Bretagne.
Natif de Miniac-Morvan, il reste le plus lointain ascendant des familles de Miniac, qui donneront notamment un des trente combattants bretons au célèbre Combat des Trente, ou encore un capitaine de vaisseau lors de la prise de Rio de Janeiro en 1711 par René Duguay-Trouin.
Par ailleurs, la famille de Miniac est rattachée à la dynastie des Grimaldi de Monaco par Jacques Ier de Monaco. De fait, Albert II de Monaco est le lointain descendant de Marguerite de Miniac, fille d'Olivier de Miniac qui se marie en 1421 à un Goyon de Matignon, dont l'un des descendants, Jacques, épousera une Grimaldi en 1715. Ainsi, par Marguerite, Albert II est un lointain cousin de Bertrand du Guesclin. D'ailleurs aujourd'hui encore, le prince de Monaco est Comte de Torigni par la famille de Miniac.
D'autres de Miniac précèdent Olivier (un Raoul de Miniac, chanoine à Dol-de-Bretagne au XIIe siècle, un Morvan de Miniac, seigneur du Bas-Miniac, au même siècle) sans qu'on puisse les rattacher précisément par filiation. Une certitude, ce patronyme s'enterre dans cette commune du Clos-Poulet (pays de Saint-Malo) aux alentours de l'an mille.


Henri Frotier de la Messelière, généalogiste de la famille Miniac.



La famille de Mauny ou de Miniac est une des plus anciennes maisons de la noblesse bretonne et française. Un membre de cette famille, le baron Gautier (Walter) de Mauny, fils de Jean de Mauny surnommé Le Borgne, est devenu un des premiers chevaliers de l'ordre de la Jarretière.
Leur généalogie est liée à la descendance de Saint Louis, et une femme "Mauny" s'est mariée avec le prince de Galles, futur roi d'Angleterre (alors famille issue du duc de Normandie, Guillaume le Conquérant).
Cette famille s'illustra notamment pendant la guerre de Cent Ans, avec Bertrand du Guesclin.
D'abord baron, les Mauny sont devenus comtes puis ont été érigés marquis par le roi Louis XIV.
Ils ont pour titres : comte de Mauny, marquis de Pontbriand, baron de Thorigny, seigneur de Lesnen et du Bercenay, seigneur de Billaye.
Leur devise est « Mauny Ô toit Guesclin » et « Jungat stemmata virtus ».
Depuis le XIIIe siècle, l'évêché de Laon étant alors pairie royale ecclésiastique, plusieurs Mauny sont devenus évêques de Laon et par ce fait pairs de France :
  • Anselme de Mauny († 1238), évêque-duc de Laon (1215)
  • Ithier de Mauny († 1261), frère d'Anselme de Mauny, évêque-duc de Laon (1238)

Walter (Gautier) second époux de la comtesse Margaret de NorfolK, fille de Thomas de Brotherton (fils du roi Édouard Ier d'Angleterre sur le site généalogique Medieval Lands]

Biblio :
Henri de La Messelière, Filiations bretonnes, armorial et nobiliaire, 1912-1924, cinq volumes.

Magdelaine Miniac

MAGDELAINE MINIAC :1764-1844

Fil
le de Jean Miniac, cette blanchisseuse épouse un marin servannais, Jean Legangnoux ( 1757- an IV) le 3 juin 1783 à Saint-Servan. Son frère Jacques, corsaire et négrier, et son père signe au mariage. Ce Jean-là n’est autre qu’un frère de Julien Legangnoux, principal témoin de l’égorgerie de la Passagère, célèbre affaire criminelle en 1790. Vivant rue de Solidor, ils auront une fille, Anne, née en 1785.











































































Antoine Miniac

ANTOINE MINIAC :1781-1854

Propriétaire.

Né le 5 novembre 1781 à Saint-Servan, Antoine Marie est un des neuf enfants de Jean Miniac, laboureur puis jardinier, et de Madeleine Taillefer, mariés le 22 novembre 1763 à Saint-Servan.

Successivement calfat, puis cordier dans le port de Solidor en l’an III (1794-1795), congédié en l’an XI (1803-1804), apprenti tonnelier en 1809, Antoine multiplie ses activités, cabaretier, gardien du bureau de la marine et finalement propriétaire immobilier.

Antoine réside au Poncel, à la Roulais, puis rue de la Fontaine, en Saint-Servan, au moins dès 1818. (1)

A Saint-Servan, cet homme de petite taille, un mètre soixante deux, yeux et cheveux roux, front découvert se marie avec Noëlle Germain, qui lui donne un fils à trente neuf ans, Louis, né le 26 Août 1822. Le 5 novembre 1814, Antoine perd son père, place de la Paroisse, puis le 2 octobre 1820, sa mère, décédée rue Verte. Ensuite, ce seront ses deux sœurs indigentes, Perrine et Madeleine, qui mourront à Saint-Servan. Cordonnier de marine en faillite, séparé de sa femme, Anne-Marie Duchesne (2), son fils Louis s’évanouira vers 1852 en Californie, peu avant le décès de son père, Antoine. Membre de la Congrégation des Hommes depuis 1818 et de la Confrérie du Sacré Cœur de Jésus, le pieux Antoine meurt cour Saint-Mathurin en juillet 1854, dernier de sa fratrie à disparaître.

François Bernardin Miniac

FRANCOIS BERNARDIN MINIAC :1774- 1839

Tonnelier et corsaire.

img é à Saint-Servan le 16 mars 1774, baptisé sous le nom erroné de François Bernardin, ce frère d’Antoine sera apprenti navigateur, matelot, puis tonnelier à l’Ile Penote, lieu-dit servannais. Il demeure chez son père, au Rosais en 1792.

Du 3 vendémiaire 1791 au 3 mai 1792, il est sur le vaisseau « Patriote », un navire de douze tonneaux de l’armée navale de Méditéranée, commandant Landais, qui depuis Brest fait une mission en Méditérranée.(1) Du 29 mai suivant au 26 février 1793, il est sur la flute la « Lourde », commandant Pichot, enseigne de vaisseau. Basée à Cherbourg, elle transporte vivres et matériels entre Le Havre et Brest. (2) Revenu de prison sur la gabarre « Le marsouin » le 4 floréal an V. Du 27 février 1793 au 20 novembre 1795, François est tonnelier sur la frégate « Concorde », commandant Van Dongen, capitaine de vaissseau. Après une croisère au large d’Ouessant, elle rentre à Brest, d’où elle repart pour Saint-Domingue, transportant le général de brigade Galbaud du Fort, nouveau gouverneur général de la colonie, ainsi que sa suite. Après une croisière dans la mer des Antilles, la frégate capture la frégate anglaise Hyéna le 27 mai 1793 près du Cap Tiburon. Du Cap Français, la frégate se rend près de New-York, dans la baie de Chesapeake, via Port-de-paix et le môle Saint-Nicolas, avant de revenir à Brest. (3) De la baie de Chesapeake, la « Concorde » fait la traversée de Hampton roads à Sandy Hook, escortant un convoi du capitaine Henlopen, et ce donc jusque dans l’Ocean Atlantique. (4) Le 19 ventose an 4, il est sur le « Marsouin », pris par les anglais le lendemain. Ensuite, il est sur l’aviso « L’aventure », nommé ensuite sur « L’annibal ». A la Guadeloupe, il embarque sur le corsaire « Le parfait », armé du dit-lieu le 20 floréal an V, et est pris par les Anglais le 30 suivant. Revenu des prisons anglaises, Françoisl débarque à Cherbourg le 25 frimaire an 10. Dès le 22 brumaire an XI, il embarque au Havre.

Le 8 mai 1801, cet homme châtain de taille moyenne se marie avec Claire Godart, une servannaise née en octobre 1780.

En l’an XII, demeurant au Rosais après avoir habité la Flourie en l’an 10, il est au Long Cours, lors de la revue de Juillet.

Le 29 janvier 1803, il embarque sur le navire corsaire « Mercure », pris par les Anglais le 30 juillet. En 1807, François est encore pris sur le même navire ( revue générale). Le 28 décembre 1805, à Brest, il embarque sur une frégate de la marine Impériale, l’« Aréthuse », frégate sur laquelle vient de s’illustrer le futur contre-amiral Pierre Bouvet. Du 15 juin au 10 août, François est sur la goëlette « Abeille. , capitaine Eydoux, lieutenant de vaisseau, brick de la division légère de la mer Tyrrhénienne dirigée par le capitaine de frégate Chaunay-Duclos. Depuis Civitavecchia, le brick livre un combat devant l’embouchure du Tibre à la frégate anglaise Sirius, le 17 avril 1806. (5)

Il meurt le 11 juillet 1839, laissant deux fils dont l’un, François, lui donna cinq petits enfants, dont l’un sera le père de l’abbé René Miniac, professeur d’histoire au collège de Saint-Malo.

Jean-Charles Miniac

JEAN CHARLES MINIAC :1769 - 1842

Maître-charpentier et corsaire.

imgé à Saint-Servan le 2 février 1769, un des dix enfants de Jean Miniac, jardinier, et Madeleine Taillefer. Frère d’Antoine, ascendant direct. Aide-calfat, puis Maître-charpentier de marine sur les corsaires et les négriers au temps des guerres de la Révolution. En Bretagne, cet homme de taille moyenne et au poil châtain réside notamment au Poncel, village de sa commune natale et au Rosais chez son père en 1792.

A dix-huit ans, en 1787, Jacques est levé pour le « Montmarin », avant d’embarquer sur le « Comte de Luzerne » l’année suivante, pour l’Isle de France. En 1789, Jean-Charles embarque sur un négrier traitant à l’Isle de France, le « Comte de Thiard », capitaine Bertrand Avice, secondé par son frère Claude, un autre cancalais, un navire de 250 tonneaux armé par l’armateur de Montmarin, Benjamin Dubois. Après avoir été acheté des produits à Pondichéry, le négrier traite deux cent trente esclaves noirs au Mozambique, à Malimbe, côte ouest du continent africain, esclaves qu’il conduit au Cap français, à Saint-Domingue.

Le 2 janvier 1792, il embarque comme Maitre charpentier à 33 sur le « Couvreur », capitaine Morin, à destination des Indes. Mais, malade, il est débarqué à l’Isle de France. Là, le 20 septembre, il réembarque comme charpentier sur le brick « Hélène », capitaine F…, allant à la côte d’Afrique. Le 22 juillet 1793, il est pris par les Anglais. Sauvé des prisons, il débarque à Calais.

Le 21 ventose 1794, il embarque comme charpentier sur une frégate lançée dans l’année, la « Cocarde nationale », commandant Allanic, lieutenant de vaisseau. La frégate se rend de Saint-Malo à Brest avant de croiser dans l’Alantique et de revenir à Brest. (6) Le 9 fructidor an III, il a une permission de vingt jours pour s’absenter de cette frégate et aller chez lui chercher des affaires. Mais il revient dès le 15 fructidor de Pontivy, « n’ayant pu aller plus loin, la route étant bouchée par les choüans » !

En 1795, le 6 vendémiaire de l’an IV, il travaille à Solidor : aide-charpentier sur la flûte « Le cormoran », du 29 pluviose au 16 thermidor an VII. Le lendemain, il est sur une nouvelle frégate malouine en chantier, la « Didon », qu’il évacue le 17 fructidor, ayant une volumineuse hernie et un orteil coupé !

A Saint-Servan, demeurant maintenant au bourg, Jean-Charles se marie avec une marchande, fille d’un journalier, Marie-Jeanne Jousselin, le 21 fructidor de l’an III (9 septembre 1795). Pieuse, elle intégrera la Congrégation des Dames en mai 1818.

Le 20 nivôse de l’an VIII (10 janvier 1800), Jean-Charles, charpentier, est témoin du mariage de François Colin, un mélorien demeurant à Saint-Servan.

Un certificat daté du 22 floréal an XI prouve qu’il a travaillé 72 mois en qualité de charpentier dans l’arsenal de Solidor.

Il est présent à la revue générale sur la goélette l’« abeille », du 7 septembre au 20 septembre 1804.

Le 16 frimaire an 13 (7 décembre 1804), à Saint-Malo, Jean-Charles embarque comme second maître charpentier sur la frégate corsaire la « Piémontaise », construite à Solidor en 1804 ( plan : Pestel ), un vaisseau de 46 canons et 235 hommes de la Division des mers de l’Inde du Contre-Amiral Linois. Commandé par le capitaine Louis Jacques Epron, 36 ans, le navire subit deux cyclones avant d’arriver à l’Isle de France. Le 15 mars 1806, dans cet ouragan au large du Cap de Bonne espérance, le navire est démâté de son perroquet, de la hune et du grand mat d’artimon. Réparée, elle cherche à se présenter devant « Port-Napoléon », mais des vents contraires l’obligent à longer le nord de l’île et à s’échouer sur la pointe des canonniers, où les batteries, la confondant avec une frégate anglaise, la prenne pour cible. Malgré cela, il réussit à se remettre à flot avant l’arrivée d’un ennemi de 74 canons. Finissant par entrer dans le port, la frégate est définitivement réparée. Cependant, fiévreux, Jacques entre à l’hôpital du 3 au 12 mai, puis du 22 mai au 9 juin. Il reprend ensuite le large pour Sumatra, croisant aussi la frégate la « Sémillante », frégate de 550 tonneaux et 14 canons de 12. Le 21 juin 1806, en vue de Padang, au sud de la Réunion, la Piémontaise fait une énorme prise, celle d’un riche indiaman, de la Compagnie anglaise des Indes, le « Warren-Hastings» de la East Indian Company, 1200 tonneaux, 190 hommes, 48 canons, un vaisseau anglais de retour de Canton avec une cargaison de thé estimée à trois millions de francs ! En quatre heures et demi, la frégate française réduit le navire anglais à l’état d’épave. Son capitaine, Thomas Larkins, est poignardé au combat, capturé et envoyé à l’Ile de France. (4)

Jean-Charles revient de la « Piémontaise » en 1806, mais atteint de scorbut, il est hospitalisé du 1 août au 17 octobre. Sur cette frégate, il est de revue en juillet 1807. Il en débarque le 7 avril.

Aussitôt, il sert sur la corvette « Jaseur », commandée par Bazin fils, en qualité de 2ème maître charpentier, du 8 avril au 10 juillet 1807, puis il fut pris sur cette corvette par la frégate anglaise le « Bombay », conduite par Bongale.

Ainsi, Jean-Charles n’aura pas vu la prise de la « Piémontaise » par la frégate « San Lorenzo » en mars 1808, dans le golfe de Mann. (5)

En 1809, Jean-Charles est revenu sur le « Charter ». Le 24 juin, malade.

Le 8 décembre 1809, il embarque sur la frégate la « Nérëide », cdt Le Maresquier, à la fin de sa mise en chantier quelques jours avant (7), construite dans les chantiers de Solidor depuis l’an passé ( plan : Pestel ). Le 14 janvier 1810, elle avait déjà quitté Saint-Malo sous le commandement du corsaire Le Maresquier (1), à destination de la Guadeloupe, pour y transporter des troupes et des vivres. A la Guadeloupe, elle ne peut aborder l’île qui vient de capituler en février devant les Anglais. Ainsi, dans l’ouest de Saint-Domingue, la frégate livre combat à la corvette anglaise « Rainbow » et au brick « Avon », et revient à Brest le 14 avril (2). Ensuite, pendant la campagne 1811, avec la « Renommée » et la « Clorinde », la « Nérëide » fait partie de la division expéditionnaire placée sous les ordres de Roquebert avec pour destination Java devenue française après l’annexion de la Hollande par Napoléon. Le 30 décembre 1810, Jean-Charles en débarque avant que la frégate chargée de troupes et de matériels ne quitte Brest le 2 février 1811 pour l’Isle de France qui, tombé entre temps dans l’escarcelle anglaise, l’oblige à changer de cap, engageant un combat au large de Tamatave le 20 mai 1811 contre une division anglaise composée des frégates « Phoebe », « Astraea » et « Galatea » et du brick « Racehorse ». Son commandant tué au combat le 20 mai, la frégate française se rend six jours après à l’ « Astraea ». (3)

Ayant beau avoir été négrier et corsaire, Jean-Charles, résidant alors rue de l’étoupe, intègre la Congrégation des Hommes et la Confrérie du Sacré Cœur de Jésus dès leurs débuts à saint-Servan, en 1818 !

Veuf de Marie-Jeanne, morte le 15 juin 1824, il se remarie avec Anne Maitrallain dès le 26 août suivant !

Jean-Charles décède le 25 septembre 1842 rue verte à Saint-Servan, laissant un fils, Jean, charpentier, et une veuve.

Antoine Miniac

ANTOINE MINIAC :1781-1854

Propriétaire.

Né le 5 novembre 1781 à Saint-Servan, Antoine Marie est un des neuf enfants de Jean Miniac, laboureur puis jardinier, et de Madeleine Taillefer, mariés le 22 novembre 1763 à Saint-Servan.

Successivement calfat, puis cordier dans le port de Solidor en l’an III (1794-1795), congédié en l’an XI (1803-1804), apprenti tonnelier en 1809, Antoine multiplie ses activités, cabaretier, gardien du bureau de la marine et finalement propriétaire immobilier.

Antoine réside au Poncel, à la Roulais, puis rue de la Fontaine, en Saint-Servan, au moins dès 1818. (1)

A Saint-Servan, cet homme de petite taille, un mètre soixante deux, yeux et cheveux roux, front découvert se marie avec Noëlle Germain, qui lui donne un fils à trente neuf ans, Louis, né le 26 Août 1822. Le 5 novembre 1814, Antoine perd son père, place de la Paroisse, puis le 2 octobre 1820, sa mère, décédée rue Verte. Ensuite, ce seront ses deux sœurs indigentes, Perrine et Madeleine, qui mourront à Saint-Servan. Cordonnier de marine en faillite, séparé de sa femme, Anne-Marie Duchesne (2), son fils Louis s’évanouira vers 1852 en Californie, peu avant le décès de son père, Antoine. Membre de la Congrégation des Hommes depuis 1818 et de la Confrérie du Sacré Cœur de Jésus, le pieux Antoine meurt cour Saint-Mathurin en juillet 1854, dernier de sa fratrie à disparaître.

Jacques Miniac

JACQUES MINIAC : 1770–1812

Maître d’équipage et corsaire.

img
é le 12 septembre 1770 à Saint-Servan, un des neuf enfants de Jean François Miniac (1737, St Méloir-1814, Saint-Servan ), jardinier, et de Madeleine Taillefer ( 1740-1820 ). Frère d’Antoine, de Jean Charles et de François Bernardin.

Maître d’équipage, il navigue sur des corsaires et des négriers, dans les derniers temps de la course, en Chine comme en Amérique. En Bretagne, Jacques demeure au Poncel en 1790, au Rosais en 1793 et à la Roulais en l’an 10, ainsi que sa veuve en 1819. Ces lieux sont des villages de Saint-Servan.

Le 12 août 1790 à Marseille, Jacques, vingt ans, matelot à 28, embarque sur le « Bon Ménage », navire négrier armé dans la cité phocéenne par un armateur malouin, Louis Marie Harrington, en même temps que le futur célèbre mémorialiste corsaire, Angenard, quatorze ans. Destination : l’Isle de France et l’indienne Pondichéry, dans l’Océan Indien, plaque tournante de la traite des noirs. Après une escale à Maurice, sur le chemin du retour de Pondichéry où le navire achète des produits d’échange, le négrier passe à l’Isle de France ( Ile Maurice ) en avril 1792, avant de traiter au Mozambique entre novembre et mars 1793. Entre temps, le 10 juin précédent, exaspéré par les pénibles conditions de bord, Angenard avait déserté à Port-Louis, Isle de France, et s’était fait enrôler sur le « Peggy », autre négrier, bordelais. Le 3 mai 1793, le « Bon ménage » et ses six cent soixante dix captifs sont pris par les Anglais à la vue de terre de la Guadeloupe, puis le négrier est conduit à la proche Dominique. Là, Jacques passe sur le vaisseau la « Ferme », de la station des Iles sous le vent, basé à Fort-Royal de la Martinique. De ce vaisseau commandé par le contre-amiral et chef de division Chevalier de Rivière, Jacques en déserte le 16 juillet 1793 à la Trinité Espagnole. (3) Il passe ensuite à Lodvazer où il s’embarque sur le navire américain la « Henriette ». Il en débarque le 15 octobre suivant au Havre.

Sa jeune carrière maritime se poursuit au fil des embarquements : le 26 octobre de l’an 1 (1793), Jacques est sur le « Calléo » , mais malade, il n’embarque pas. Le 4 nivôse de l’an 2,(24 décembre 1793), il est matelot sur la corvette le « Tigre », une corvette construite à Saint-Malo en 1792, puis congédié à Brest le 12 nivôse (1 janvier 1794)( 4). Le 1er floréal an 3 (20 avril 1794), il passe sur la corvette le « Mesny », négrier du richissime armateur malouin Meslé de Grandclos, beau-frère d’Harrington, négrier d’où Jacques débarque le 4 messidor avant d’embarquer sur la canonnière « Vesuve », capitaine Nicolas Guidelou, enseigne de vaisseau non entretenu. Le navire de la station de la baie de Paimpol escorte des convois entre Saint-Malo et l’Ile de Bréhat. Au large du Cap Fréhel, la canonnière est capturée par une division anglaise le 5 fructidor de l’an 3 (22 aout 1795).(5) Le 25 vendémiaire an 4 (17 octobre 1795), il passe sur le « Jacques », et est hospitalisé le 18 frimaire sur le « Bravoure », frégate d’ou Jacques déserte le 9 thermidor. Le 5 fructidor an 5, il est sur le corsaire « Oncle Tobie », désarmé à Lorien en l’an 6.

A son arrivée à Saint-Malo, Jacques s’embarque sans permission sur le « Tartare », un corsaire de 96 tonneaux, de 50 canons et autant d’hommes, armé le 13 germinal de l’an VI (1797-1798) par l’armateur de Pleurtuit Benjamin Dubois et commandé par le capitaine François Leconte. Du 2 avril au 16 mai 1798, le corsaire fait trois prises américaines, le «Jersey», le «Sally butler» et l’«Union», prises qui sont déposées à Saint-Malo et qui rapportent 662.270 francs de produits de vente et un bénéfice de 15.279 francs pour l’armement Dubois. Puis, le « tartare » et son capitaine ravisseur sont pris par les anglais le 8 prairial de l’an VI (27 mai)l. Valeur de l’armement : 55000 francs ! Le montant des parts va de 132 à 236. Jacques goûte aux prisons de la perfide Albion. Ce scénario de la prison se répètera X fois dans sa vie, confortant ce sentiment naturel de vengeance envers les Anglais. Jacques est l’objet d’un échange. En cas de capture, les corsaires sont considérés comme prisonnier de guerre. Comme tels, les échanges se font homme pour homme, grade pour grade, selon un « cartel d’échange » préétabli.

Ensuite, Jacques est revenu de prison sous le nom de Pierre Brignon ( nom d’un matelot de la corvette de Nantes, « Jean Bart » ), à bord du « Jean-Bart », lougre corsaire de dix hommes et d’une valeur d’armement de 17000 francs, armé par Fontan pour Dauchy et commandé encore par François Leconte, « Jean-Bart » auquel Jacques a acheté l’échange pour 14 louis. Leconte et son lougre viennent de déposer à Saint-Malo deux prises américaines et une anglaise, le « Cephas », faites en l’an V (1796-1797). ( 1 )

Débarqué à Morlaix le 24 floréal, Jacques est rentré chez lui sans passeport, déclarant n’avoir pas pu paraître au bureau du lieu. Pour mieux contrôler les déplacements, le gouvernement a mis en place en 93 des certificats de résidence valides trois mois, fournissant de précieux renseignements sur l’âge, l’aspect et la profession.

Toujours à Saint-Servan, Jacques, ce petit homme châtain, se marie à Bertranne Simon, une couturière, le 20 prairial de l’an VII (8 juin 1799). Veuve depuis sept ans et résidant à la Roulais, elle participera à la Congrégation des Dames en 1819.

Le 23 nivôse de l’an VIII (13 janvier 1800), Jacques est en course comme maitre d’équipage sur le « Baalgade », capitaine François Leconte, un corsaire de 166 tonneaux et 115 hommes d’équipage armé par Lesnard et Duhamel à saint-Malo, navire qui est pris par les anglais le 2 ventôse.

Le 23 pluviôse an 10 (12 février 1802), Jacques est revenu de prison à Morlaix.

An 12 (1803-1804), il est présent à la revue générale .

En l’an 13, il devient patron de péniche, du 11 juin au 10 novembre 1805, de même en l’an 14.

En 1807, Jean-Charles passe au Havre sur le « Vénus », retrouvant Guillaume-Marie Angenard comme capitaine ! - à bord duquel il échappe à un gros navire de guerre ennemi après un violent combat. Partie remise, le navire doit remettre son pavillon devant la division anglaise d’Ouessant qui le conduit à Plymouth avec respect. (7)

Il est 2ème maître d’équipage sur la frégate le « Vénus », capitaine Hamelin, à compter du 1er janvier 1808, effectuant des traversées du Havre à Cherbourg (6). Le 30 septembre 1808, Jacques a une permission à Cherbourg pour 21 jours.

Dès 1809, il passe maître d’équipage sur la frégate havraise le « Vénus », toujours capitaine Hamelin, ce jusqu’au 17 octobre 1810, joignant l’Isle de France depuis Cherbourg. (8) Arrivée à Brest le 10 mai 1810, où il est porté maître d’équipage. Un certificat du Lieutenant Hilaire, de la frégate « Vénus », daté du 1 novembre 1810, indique que « ce marin a servi sur la frégate pendant trois ans comme ? ( illisible) et s’est bien conduit. » (2).

En 1811, Jacques est congédié jusqu’à nouvel ordre de la frégate « Iphigénie », vieille frégate construite en 1777 à Solidor, frégate commandée par Emeric, de la division de Cherbourg sous le commandement du Contre-Amiral Troude. (10)

En 1812, du 16 janvier au 12 avril, Jacques embarque sur la frégate « Illyrienne », une frégate de la marine impériale mise en chantier à Solidor en novembre 1809 et lancée le 14 novembre 1811 à Saint-Servan, avec au commandement le commandant de frégate Georgette du Buisson, qui est en exercice de son équipage en rade de Saint-Malo, avant sa toute première campagne. (9)

Le 16 avril, le capitaine de frégate Dubuisson certifie que « Jacques Miniac
a servi comme maître de manœuvre avec zèle, talent et distinction, et qu’il a tout lieu de se louer de son exactitude, de sa bonne conduite, perdant avec peine un bon sujet qu’il recommande à la bienveillance des officiers sous les ordres desquels il servira. »
Jacques retourne à Rochefort le 18 avril, avant l’exercice en rade de l’ « Illyrienne ». Du 28 juin au 18 décembre, il sert sur la frégate « Circée », de la station de Gironde, en qualité de maître d’équipage. Rentré à l’hôpital de la marine à Rochefort le 16 décembre 1812, il y meurt deux jours plus tard, suivant extrait mortuaire délivré le 22 janvier 1813, signé par le commissaire de Marine. Il venait d’avoir quarante deux ans, le 12 septembre précédent.

Il laisse ses deux parents, une veuve, Bertranne, qui n’a pas touché de pension, malgré ses incessantes demandes, réussissant seulement à toucher un secours de 50 francs en 1840 !

Louis Duchesne

Louis Duchesne ou l'Histoire ne se soumet pas au dogme. 
Agnostique mais prélat, rebelle mais soumis, historien mais prêtre, dreyfusard mais catholique, célibataire mais entouré de femmes, tel apparait le paradoxal Duchesne, salué par Jean Jaurès et le Canard Enchainé, combattu par l'Action Française et les conservateurs ultracatholiques. Fils de marins bretons sous les ors romains, cet historien moderniste promu par Poincaré ne cesse de détruire des légendes avec le sourire, de s'attaquer à son pape avec mordant,  de brocarder son fanatisme religieux, de prôner la laïcité contre lui, à l'époque de la séparation de l'Eglise et de l'Etat.  Pour entrer à l'Académie française, l'audacieux protonotaire doit ferrailler contre le parti de Pie X  dont on assure que : " S'il se fut agit de décider entre Monseigneur Duchesne et le grand-maître de la Franc-Maçonnerie; c'est encore à celui-ci que le pape lui aurait accordé son vote" ! Devenu Immortel, Duchesne sait que la messe n'est pas dite. Le Saint-Siège a une arme contre lui, contre son œuvre majeure, redoutée : la mise à l'Index...



Louis Duchesne (St Servan, en St-Malo, 1843- Rome, 1922)
Pastel de Betty Zoé Lucie, baronne Lambert de Rothschild (1863-1916).
 Lucie Lambert de Rothschild est l'épouse du banquier du roi des Belges et une petite-fille du baron James de Rothschild.



UNE ASCENDANCE MARINE

La place de la Roulais avec, à droite, la petite maison
où est né le petit Louis.

Petit dernier d‘une fratrie de cinq enfants, Louis Marie Duchesne naît à Saint-Servan ( aujourd'hui en Saint-Malo) le 13 septembre 1843, dans une petite maison blottie place de la Roulais, dans une famille de marins et de corsaires originaire de Binic.

Anne Gourlay (1800-1889), la mère de Louis Duchesne.
(Collection Marie-Anne Miniac) 
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Jeanne Marie Després épouse Pierre Gourlay, née en 1772, grand-mère maternelle de Louis Duchesne.
(Collection Marie-Anne Miniac) 
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Fils d’Anne-Marie Gourlay et de Jacques Duchesne, un capitaine terreneuva qui disparaît en mer en 1849 à bord de « l’Euphémie» , l’enfance du jeune Louis est marquée par la piété simple des fervents marins d’alors et par les drames de la mer, notamment plusieurs naufrages au large de la Tour Solidor.
Son grand-père paternel, Jacques, marin hauturier lui aussi, fut naufragé à bord de l’ «Astrée » au large des Açores, emprisonné à Faïal par les portugais. Evadé, il traverse à pied l’Espagne en guerre pour rejoindre son Clos-Poulet. De même, le frère aîné de Louis, Jean-Baptiste, deviendra plus tard un « Oregon’s pioneer », naufragé sur l’ « Etoile du matin » aux abords sinistres de la « Columbia river » en juillet 1849, établissant un des quatre premiers comptoirs à Oregon City.
L’un de ces drames inspirera sa vocation au jeune garçon. Un jour, alors qu’il est en mer avec son père, il le voit dans l’obligation de donner les derniers sacrements à un vieux marin qui pensait passer de vie à trépas… et qui se ressaisit, aussitôt arrivé à la cale Solidor, le malaise passé ! 



Par ailleurs, le jeune Louis s’avère téméraire, ayant l‘habitude de se rendre à l’île de Cézembre à la rame ! Un jour, lui et ses jeunes neveux Miniac (Alfred, Edmond, Louis ) s’aventurent en mer, naviguant jusqu’aux inquiétants parages des Minquiers, à bord d’une petite barque, au désespoir de sa famille qui ne les revoit pas venir deux jours durant !

Remarqué par deux abbés, le jeune et intrépide écolier de Saint-Servan échappe à son destin de marin, au bonheur de sa mère meurtrie par les disparitions. "Génie simplificateur, il y
néglige d'instinct le détail insignifiant, les vaines difficultés, s'amuse la curiosité des dilettanti, s'attarde la stratégie des habiles, s'enlise la pesanteur des médiocres. Etranges caprices de l'hérédité : c'est par là, sans doute, je veux dire, par cette manoeuvre directe, soudaine, que Mgr Duchesne continue ses pères, marins pour la plupart, et, même comme il voulait, non sans fierté, qu'on les appelât,
corsaires." notera  Bremond en 1924. 


Caricature de 1911.



LE TEMPS DES ETUDES

Saint-Brieuc

Après des études un brin turbulentes au petit séminaire de Saint-Méen, où son irrévérence s’affirme, il entre à l'école Saint-Charles de Saint-Brieuc, créée en 1849, un établissement catholique alors sous la direction de Victor Rogerie et qui verra notamment passer le communiste Marcel Cachin, le bactériologiste Albert Calmette, l'aquarelliste Marin Marie (Paul Marin Durand Couppel de Saint-Front), le navigateur Eric Tabarly et le spationaute Jean-Loup Chrétien.

Parmi les étonnants voyageurs

Ensuite, après un passage au grand séminaire briochin de 1860 à 1864,  le brillant jeune homme part achever sa théologie à Rome, envoyé par l'évêque de Saint-Brieuc Augustin David ayant remarqué ses exceptionnelles dispositions, poursuit ses classes au « Collège romain » en 1864-1865.

Retour briochin

Rejoignant Saint-Brieuc en 1865, il est ordonné prêtre en 1867, mettant ainsi un point final à sa longue hésitation entre la théologie et sa passion pour les sciences mathématiques.  Il enseigne alors ces mathémathiques, la physique et la rhétorique au collège Saint-Charles de 1867 à 1871.
Louis enseignant à l'école Saint-Charles à Saint-Brieuc, aujourd'hui Côtes d'Armor, vers 1867-1871. Il est au second rang, au quart droit.

(Collection Marie-Anne Miniac) 

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Un jour, alors qu’il prêche dans une église de Rothéneuf, une des paroissiennes vient à mourir juste après son sermon, qui porte justement sur… la mort ! Malicieux, le jeune diacre s’étonnera plus tard de son éloquence… persuasive.


Dessin de 1911.


A Paris, tel un Rastignac breton



 L'école des Carmes et son jardin, rue de Vaugirard, dp.

Ayant quitté Saint-Brieuc en 1871, Duchesne, 28 ans,  gagne Paris pour étudier durant deux ans à l'école des Carmes, dans l'ancien couvent de la rue Vaugirard et futur institut catholique après la loi Falloux de 1876, et pour apprendre les  sciences historiques et philologiques à l'Ecole pratiques des hautes-études, une école récemment fondée, en 1868. Là, il y rencontre son premier maître, Tournier.
Louis Duchesne, (au petit séminaire ?) photographié par Pierre Lanith Petit (1832-1909) dit Pierre Petit ( établi au 31, place Cadet à Paris), photographe officiel de l'Exposition Universelle de Paris en 1867, photographe des ordres religieux et de l'épiscopat depuis 1862, photographe de célébrités, Victor Hugo, Jules Simon, Charles Gounod, Léon Gambetta et de la construction de la Statue de la Liberté à New York.

(Collection Marie-Anne Miniac) 

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Louis Duchesne, premier job : précepteur pour les cinq garnements d'une famille parisienne !
( Photographie de Pierre Petit, Paris)
(Collection Marie-Anne Miniac) 
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Guerre et père


Laisser passer délivré par le corrézien  Edouard Delmas (1812-1878), commandant du fort de  depuis 1864.
En novembre 1871, le jeune abbé Duchesne, étudiant à l'école des Carmes, est chargé du service religieux au fort de Charenton, un ouvrage militaire défensif construit en 1842 sur la commune de Maisons-Alfort et faisant partie du dispositif de protection de la capitale décidé par Thiers.

(Collection Marie-Anne Miniac) 

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Lors de la guerre de 1870, grâce à son artillerie, le fort participa à la défense de la capitale face aux Prussiens. « Le fort avait été armé de canons à longue portée, qui appuyaient nos troupes. Fort heureusement, l'artillerie ennemie ne répondit jamais et aucun projectile ne tomba, ni sur le fort, ni sur le village. » Après la victoire des Prussiens, le fut livré aux troupes d'occupation en février 1871 et évacué le 30 septembre suivant.




Louis Duchesne.

(Collection Marie-Anne Miniac) 

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(Collection Marie-Anne Miniac) 

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 DUCHESNE L'ARCHEOLOGUE

Le voyage à Rome

Dès 1873, à l'âge de trente ans, il est nommé élève de l’Ecole française d’archéologie de Rome, un institut français de recherche en histoire, en archéologie et en sciences humaines et sociales, placée sous la tutelle de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et domicilié au palais Farnèse.  Là, il gagne l'estime et l'affection du directeur, Albert Dumont. Et surtout, en 1874, il y rencontre l'archéologue Gian Battista de Rossi, son mentor et ami.

 
 Le palais Farnèse photographié à l'époque où Louis y est élève.

Les positions du missionnaire

Cette école dépend alors de l'école française d'archéologie d'Athènes dont les élèves doivent effectuer leur première année à Rome. A ce titre, en voyageur infatigable, il est chargé de multiples missions archéologiques en Epire, en Macédoine, en Chalcidique et en Thessalie en 1874 avec l'élève liégeois Charles Bayet (1849-1918), en Asie-Mineure en 1876 avec un autre élève, Maxime Collignon (1849-1917),  en Macédoine encore, en Anatolie, en Cilicie, pourfendant méthodiquement au passage des croyances enracinées.



Avec Bayet, pionnier de l'histoire bizantine,  il participe donc en 1874  à une éprouvante mission de plusieurs mois au Mont Athos, en Grèce.

Il nouera une amitié avec la famille Collignon, écrivant le discours du mariage de Mlle Madeleine Collignon en l'église parisienne Saint-Séverin le 8 juillet 1902, tout comme il le fera pour celui de Maurice Besnier (1873-1933) à Caen en 1899, membre de l'EFR et futur professeur à la faculté des lettres de Caen.


Louis Duchesne en civil, barbu et tenant un bâton, à gauche, en Turquie.
(Collection Marie-Anne Miniac) 
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Membres de l'Ecole Française de Rome, dont le trentenaire Louis, debout à droite. Le cliché date donc des années 1873-1876, période où Louis en est membre.
(Collection Marie-Anne Miniac) 
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RETOUR PARISIEN

L’homme de lettres devient rapidement un éminent spécialiste de l’histoire du christianisme. En 1877, déjà professeur d'histoire religieuse à l'Institut catholique de Paris à l'âge de 34 ans, Duchesne  soutient sa thèse de doctorat ès lettres. Cette année-là, Battista de Rossi intervient auprès des autorités romaines pour que la thèse de son disciple, Liber pontificalis, ne soit pas mise à l'Index par le Saint-Siège. Sacherri, le secrétaire de l'Index, lui assure une issue favorable.

Vierge du moindre article sur la foi

Mais, devant la controverse que suscite son enseignement de l'histoire ecclésiale,  notamment sa vision des origines des Eglises de Gaule, il doit quitter sa chaire dès 1885. En septembre, le cardinal Richard met en demeure le professeur Duchesne de demander un congé d'un an, lui reprochant sa manière d'écrire l'histoire "sous l'influence d'auteurs non catholiques" !  A 40 ans, un premier accroc. Son ami Maurice d'Hulst  avait pu le couvrir jusqu'ici devant la hiérarchie catholique. Là, celui qui avait été l'artisan de sa nomination à l'institut a cédé devant les attaques. Dans un courrier du 28 août 1885, il reproche à son protégé mis en congés : " son trop peu de goût et aussi son trop peu d'estime pour la théologie" ! "Vous êtes prêtre, vous avez une revue à vous et vous êtes encore vierge d'un article qui conclue pour la foi.  C'est peut-être ce qui scandalise le plus !" remarque cet ami sincère en pensant à son Bulletin critique. Pour  la première fois, le reproche d'agir en historien et non en théologien lui joue un tour. "Depuis Renan, l'Eglise n'a pas connu de plus souriant destructeur de légendes", notera le journaliste Victor Snell (1874-1931), ami  de Jaurès et premier rédacteur en chef du Canard enchainé.







Dessin de Didier Dubucq ( pseudonymes : Ashavérus, Astaroth ou Asmodée), 1911. 

Louis Duchesne en civil, 41 ans, barbu et chapeauté ( croix bleue au-dessus du chef), à Corneto le 26 avril 1885.

(Collection Marie-Anne Miniac) 

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 Rebond

Cependant, dès 1885, il rebondit en enseignant les Antiquités chrétiennes à l'Ecole des hautes études. De maître de conférence, il y devient directeur d'études. Il n'abandonnera sa chaire qu'avec sa nomination à l'Ecole française de Rome, dix ans plus tard. Sa réputation est telle qu'il est nommé  membre de l'Académie des inscriptions et des belles-lettres dès 1888.  L'homme a 45 ans.

DIRECTEUR DE L'ECOLE FRANCAISE

En 1895, par la décision du modéré ministre de  l'Instruction publique Raymond Poincaré, un Républicain progressiste partisan de la laïcité mais non radicalement anticlérical,  Louis Duchesne est nommé directeur de cette école créée en 1875. A 52 ans, il prend en main la destinée de cet institut français de recherche en histoire, en archéologie et en sciences humaines et sociales, placée sous la tutelle de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Comme souvent, des proches ont cette ambition pour lui. Il ne songe pas à ce poste lorsqu'il lui est proposé.


 
Palais d'Alexandre Farnèse, Roma, par Vasi, 1710.
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Depuis 1876, l'école française de Rome occupe le second étage du palais Farnèse, 67, piazza Farnese, à Rome, conjointement avec les services de l’ambassade de France en Italie.

Sous Louis XIV, le palais Farnèse devient la résidence des ambassadeurs auprès du Vatican puis,  dès 1874,  le siège de l’ambassade de France auprès du royaume d'Italie et, ensuite, de la république d'Italie. Conçue d’abord comme une annexe de l'école française d'Athènes en 1873, puis comme une École d’archéologie en 1874, l'École française de Rome est officiellement créée en 1875. Puis, en 1911, le palais est vendu par la maison des Bourbon de Naples au gouvernement de la République française.


Parmi les  élèves ou directeurs, on compte notamment :




  • Michel de Boüard (1930), Académie des inscriptions et belles-lettres
  • André Chaumeix (1898), Académie française




  • Mgr Claude Dagens (1965), Académie française




  • Jean Favier (1956), Académie des inscriptions et belles-lettres




  • Camille Jullian (1880), Académie française




  • Jacques Le Goff (1952)




  • Jacques Revel (1970)
  • Romain Rolland (1889), prix Nobel de littérature
  • Émile Mâle (1923-1937), Académie française
  • Jérôme Carcopino (1937-1940), Académie française. 


  • Louis Duchesne peint en 1899 (par Rahauts ?), toile exposée au Palais Farnèse, à Rome.
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    Fouilles et bafouilles

    Sous sa direction, les membres de l’école conduisent des opérations de fouille en Afrique du Nord, comme M. Besnier dans le camp romain de Lambèse (dans les algériennes Aurès) en 1897, L. Homo et A. Merlin à la ville romaine de Dougga (Tunisie, patrimoine mondial de l'Unesco en 1997) dès 1899, J. Zeiller à la cité antique de Thignica (Tunisie) en 1906, J. Heurgon et J. Lassus à Tipasa (Tipaza), une ville berbère à l'ouest d'Alger. Duchesne entretient une correspondance avec l'archéologue Stéphane Gsell à propos des fouilles de Tipasa et surtout une longue correspondance de  deux décennies avec le grand archéologue et érudit italien Gian Battista de Rossi, le mentor de Duchesne dont il applique les travaux.

    Premier congrès d'archéologie chrétienne en 1900, à Louvain, en Belgique.
    Louis Duchesne, 57 ans, est au centre, avec un parapluie.
    (Collection Marie-Anne Miniac) 
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    Duchesne correspond alors avec Franz Cumont, historien belge des religions.

    Cumont.

    En 1900, le pape Léon XIII l'honore du titre de protonotaire apostolique, officier du saint-Siège sans dignité épiscopale.

    Le compositeur Giacomo Puccini place le deuxième acte de son opéra Tosca (1900) au palais Farnèse, d'où le baron et chef de la police  Scarpia  traque les révolutionnaires de la République romaine et où il reçoit le « baiser de Tosca ».

    DUCHESNE ET LE NOUVEAU PONTIFE

    Le 20 juillet 1903, le pape Léon XIII meurt à Rome. Il a 93 ans. Pour le sexagénaire Duchesne, c'est un tournant. Ce pape a été élu en 1878 alors que Duchesne n'avait que 35 ans. Après 25 ans de pontificat, un pape réputé intellectuel, prudent et progressiste disparait. Un conservateur va être élu sous le nom de Pie X...



    L'Assiette au beurre.
     
    Le nouveau pape vu par l'irrévérencieux L'Assiette au beurre, décembre 1903.

    Pour son malheur, Duchesne n'est pas de ceux-là :


    Dessin de Jossot.



    "C'est un gondolier vénitien dans la barque de Saint-Pierre : il est naturel qu'il la conduise  à la gaffe." écrit Duchesne à propos du pape Pie X nouvellement élu, lequel avait été patriarche de Venise. 



    RETOUR AUX SOURCES 

    Si son enseignement à l’Ecole des Hautes Etudes lui vaut une réputation internationale et s’il devient directeur d’études pour l’archéologie chrétienne dans cette école romaine, le fidèle Louis revient cependant se ressourcer en pays gallo deux mois chaque été , dans son « ermitage » de Saint-Servan, un ancien corps de garde sur cette Cité d’Aleth qui domine la Rance.


    Louis marchant sur le haut du fort d'Aleth, devant la cité corsaire de Saint-Malo.

    (Collection Marie-Anne Miniac) 

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    Attaché à son « Clos-Poulet », Louis y rejoint sa vieille mère, sa sœur Anne-Marie Miniac et ses quatre fils, dont pour certains capitaines au Long-Cours.

    Louis en pleine discussion à une kermesse paroissiale à Saint-Servan.
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    Procession du 15 août à Saint-Servan, Louis Duchesne ouvrant la marche, mitre en chef,
    en bas de l'église Sainte-Croix.
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    (Collection Marie-Anne Miniac) 

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    Louis sur l'île de Cézembre, au large de Saint-Malo.
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    Il aimait à y retrouver cette simplicité de rapports du milieu maritime, à présider sa « société d’histoire et d’archéologie », à y cultiver sa petite vigne, à dire la messe du matin à la chapelle Saint-Pierre, à tirer quelques brasses dans l’anse Saint-Père, encore sexagénaire, en sportif endurant et à écrire en la féline compagnie d’une petite chatte noire dénommée « Démonette ».
    DUCHESNE ET L'AFFAIRE DREYFUS

    Dessin de Jossot.


    Liée à l'accusation d'espionnage portée contre le capitaine juif Alfred Dreyfus, l''affaire Dreyfus engendre une crise politique (1894-1906), partageant la France entre dreyfusard et antidreyfusard. Le capitaine est condamné en décembre 1894, à la veille de la nomination par le gouvernement français de Duchesne à l'école française de Rome.
    Un de ses disciples à l'école pratique des hautes-études en 1887-1888,  élève rigoureux et apte à remettre en cause les faits acquis, le journaliste anarchiste juif Bernard Lazare (1865-1903) publie une étude érudite sur l'antisémitisme en 1894.  Puis il se consacre exclusivement à innocenter le capitaine Dreyfus, sollicité par le frère de ce dernier. Dans son mémoire, L'affaire Dreyfus, une erreur judiciaire, parue en novembre 1896, il initie la campagne de réhabilitation en démontant minutieusement l'accusation, en demandant la révision et finalement  en inspirant la célèbre litanies des  "J'accuse!" dont le seul Emile Zola tirera gloire deux ans après.


    Le 22 août 1898, le dreyfusard Gabriel Monod et ami de la marquise Arconati-Visconti écrit à Duchesne : " Je crois sévère à l'égard d'une presse sans méthode et sans foi.", estimant que la seule critique engendrera la procédure de révision...


    DUCHESNE ET LA LOI DE SEPARATION DE L'EGLISE ET DE  L'ETAT

    Dessin du belge Didier Dubucq alias Asmodée, 1911.


    EN 1905, la loi  de séparation est votée. Duchesne applique la loi, à l'instar d'une partie du clergé français, s'opposant  à l'ire du pape Pie X.

    Le Rire, 20 mai 1905, dessin du normand Charles Léandre.

    En août 1906,  Pie X  interdit aux fidèles français de créer des associations cultuelles par son encyclique Gravissimo Officii Munere, affirmant qu’il est « absolument impossible de créer des associations cultuelles sans violer les droits sacrés touchant à la vie même de l’Église ».

    Dessin d'Aristide Delannoy (1874-1911), 1908.


    Duchesne raille cette encyclique, la nommant : Digitus In Oculo (« doigt dans l’œil »), signifiant ainsi que l'acceptation  de la laïcité par une partie du clergé et du laïcat français.
    Finalement, l’opposition du pape à la loi cause le transfert de la presque totalité des biens immobiliers de l’Église au profit de l’État français.

    L'Almanach de la calotte, 1908.


    DUCHESNE ET MADAME BULTEAU, DES AMIS DE VINGT ANS

    Dessin de 1912.

    A Rome, Duchesne correspond avec quelques amies romaines, dont la mécène française et marquise Marie-Louise Arconati-Visconti née Peyrat (1840-1923) et l'archéologue et comtesse Lovatelli, née Ersilia Caetani (1840-1925). 




    Gauchiste affirmée, la riche veuve du marquis Arconati-Visconti adopte la devise de son père, le sénateur de la Seine Alphonse Peyrat (1812-1890) : " Le cléricalisme, voilà l'ennemi". D'emblée, l'amitié avec Duchesne s'avère hors-norme. Elle entretient une longue correspondance avec Duchesne comme avec le capitaine Dreyfus pour lequel elle tenait un salon dreyfusard. Les lettres de la marquise à Duchesne, celles de 1912 à 1917, ont été déposées à la  bibliothèque Victor Cousin et répertoriées par Bonnerot en 1958.




     La comtesse Lovatelli, née Ersilia Caetani.

     

    Ceci dit, le libéral, spirituel et non conventionnel Louis Duchesne a pour amie et confidente l'autoritaire, attentive et fine Madame Bulteau (1860-), une Parisienne moderne, divorcée, saphique, large d'esprit.








    Née à Roubaix dans un milieu d'industriel du textile, Augustine Bulteau alias Toche ou encore l'Abbesse, se marie en 1880 avec l'homme de lettres  Jules Ricard. 






    Dans l’entourage de son époux et jusqu'à son décès en 1903, elle côtoie les peintres Henri de Toulouse-Lautrec et Edouard Manet. A son domicile du 149 avenue de Wagram, elle anime alors  un influent salon littéraire, fréquenté par Henri de Régnier, Léon Daudet, Maurice Utrillo, Barrès, Pierre Louÿs et sa maîtresse Marie de Heredia alias Gérard d'Houville, Anna de Noailles, le dessinateur Jean-Louis Forain,  l'archéologue Salomon Reinach, Paul-Jean Toulet, Henri de Toulouse-Lautrec, un familier. Elle écrit alors  une dizaine de romans populaires, sous le pseudonyme de Fœmina dont un essai à succès  : "L’Ame des Anglais". Journaliste au Figaro et au Gaulois, elle laisse de nombreuses chroniques.






    Aussi et surtout saphique, elle achète avec son amie la comtesse et romancière Isabelle de La Baume-Pluvinel le palais vénitien Dario après 1896, date de son divorce. Elle reçoit Henri de Régnier dans ce palais que peindra Claude Monet en 1908.

    ( Collection Art Institue of Chicago, dp)
     

    Comptable de plus de 500 documents, la longue et franche correspondance de Duchesne, aimant à s'entourer d'une cour de femmes aimables, à la brune et grande Bulteau (1902-1922) est éditée depuis 1975, témoignage d'une longue amitié faite de séduction réciproque, d'une affectueuse camaraderie, d'une tactile affection, de confidences épistolaires. Sans doute la saphique Augustine, peinte par le symboliste belge Fernand Khnopff,  a-t-elle été séduite par le charme de Louis, son aîné de 17 ans. Le poète symboliste Henri de Régnier dit de lui  : "la fine figure ecclésiastique du spirituel abbé Duchesne, dont l'œil noir fait pense à celui du Gilles de Watteau". Alors que Madame Bulteau visite son amie à Venise en 1901 avec de Régnier, Duchesne et Bulteau se rencontre à Rome. Lorsque cette dernière quitte l'Italie en 1903, leur correspondance se développe. Dès 1906, à la mort d'un Académicien,  le cardinal Perraud, c'est la pugnace Madame Bulteau, ayant un ascendant certain sur un Duchesne ravi, qui aspire la première à ce que son ami devienne Immortel.  Son élection au quai Conti, il sait la devoir à "sa muse", à sa volonté, son entremise, sa mise en oeuvre, son cercle, sa campagne, ses relations influentes.

    La fièvre verte s'empare peu à peu de Duchesne si bien que lorsque le cardinal Mathieu est sur le point d'être reçu en 1906, il refuse un entretien au Gaulois, journal où Bulteau est chroniqueuse, afin de "ne pas servir de  truffe à cette volaille" !

    A la mort de Mathieu en octobre 1908, la situation est ouverte. Duchesne se présente dès 1909. Cependant,  Baudrillart,  recteur de l'Institut catholique fort de ses réseaux et en odeur de sainteté au Saint-Siège,  prétend vouloir en faire de même.  Baudrillart, un ancien élève de Duchesne à l'institut catholique, l'ancien codirecteur du Bulletin critique de Duchesne. L'ambition se joue de l'élégance. Aussi, de Cabrières, le royaliste évêque de Montpellier soutenu par les conservateurs catholiques,  se déclare candidat.
    En mai 1909, un premier tour met à égalité Duchesne et de Cabrières, 14 voix chacun. Baudrillart écrit alors à Duchesne pour le convaincre de renoncer à l'Académie. En réponse, le 25 juin, ce dernier lui écrit : " Vous ne me ferez pas croire que le Seigneur tient tant que cela à ce que ses ministres soient les collègues de MM Loti, Barrès, d'Haussonville et d'autres.  La vérité, c'est que le diable les tenant, les dignitaires ecclésiastiques sont parfois pris d'une envie folle d'appartenir à une compagnie que le Monde, le Monde vous m'entendez, le Monde maudit du Christ, considère comme fort distinguée et que, pour y entrer, ils imposent silence à certaines réclamations de leur uniforme. "  La messe est dite. Alors, l'ingénieux Baudrillart se dévoile. Il se déclare enfin en mars 1910  et de Cabrières déclare forfait, les partisans de ce dernier devant se reporter sur Baudrillart selon un stratagème cher à Frédéric Masson, secrétaire de Jérôme Napoléon, historien spécialiste de l'époque napoléonienne et académicien. Un ennemi de Duchesne. Fureur de ce dernier, isolé à Rome et qui sait pouvoir effaroucher les académiciens catholiques... " " Quand il se heurtait à quoi que ce soit qui ressemblait à de la méchanceté, il s'en étonnait, même à soixante ans. Comme les enfants, il avait peine à comprendre qu'on le l'aimât point." notera Brémond en 1924.


    Au soir du mercredi 25 mai 1910, Duchesne dîne avenue de Wagram, chez Augustine Bulteau.  Le lendemain, a lieu l'élection tant attendue. Il  compte sur 16 voix, celles  du poète méridional  Jean Aicard, de l'auteur de comédies Eugène Brieux, de l'écrivain Jules Claretie,  du futur président de la République Paul Deschanel, du pétillant dramaturge Maurice Donnay, de l'essayiste Emile Faguet, du dreyfusard et littérateur Paul Hervieu, de l'essayiste Etienne Lamy, l'un des plus dévoués à Duchesne, du satirique Henri Lavedan, de l'historien institutionnel Ernest Lavisse, soutien indéfectible et ami de Bulteau, de l'essayiste littéraire Alfred Mézières, du chef de gouvernement Emile Ollivier,  des deux Poincaré, Henri et Raymond,  le physicien et l'homme d'Etat, du président du conseil Alexandre Ribot, de l'exalté poète et voisin breton Jean Richepin. Et espère celles du diplomate et historien Gabriel Hanoteaux, du romancier Pierre Loti, chantre des pêcheurs d'Islande, et du président du conseil Charles de Freycinet...  Quant à ses opposants, il en dénombre assurément neuf...

    LOUIS DUCHESNE ACADEMICIEN


    Ouest-Eclair, 27 mai 1910.

    Le jeudi 26 mai 1910, l’érudit Louis Duchesne est reçu à l’Académie Française par 17 voix contre 12 à Baudrillart. au troisième tour de scrutin.


    Après Trublet, Maupertuis et Chateaubriand, c'est le quatrième Malouin à devenir Immortel.   Son élection relatée par le romancier André Beaunier, chroniqueur littéraire à la fameuse Revue des deux mondes,  occupe la moitié de la Une du quotidien républicain Ouest-Eclair.



    Le 27 mai, l'élection fait la Une du Petit Parisien, " le plus fort des tirages du monde entier", du Petit Journal, du Figaro, de l'Aurore alors même que l'ultracatholique quotidien L'Univers omet de l'évoquer à  sa Une, mauvais joueur. La veille, jour de l'élection, à la Une de ce même journal conservateur et mondain, Baragnon  vantait les mérites de Baudrillart à la manière d'un Académicien l'accueillant parmi les immortels, sans évoquer Duchesne...



    Jaurès par Delannoy, 1908.


    Plus surprenant en apparence, elle fait aussi la Une de L'Humanité où, dans un article intitulé Entre hommes d'Eglise, le fondateur du journal communiste, Jean Jaurès, salue Duchesne : " C'est l'ingénieux Duchesne, audacieux et prudent, qui l'emporte. Il ne s'est pas incliné devant les conseils impérieux qu'il recevait des plus hautes instances ecclésiastiques". Un pied-de-nez à Baudrillart, ancien condisciple de Jaurès à l'école Normale de la rue d'Ulm en 1878...






    Le « bénédictin moderne » est appuyé par Pierre Loti et Paul Bourget notamment, au terme d’une lutte contre cette droite extrême qui lui préfère un autre candidat, Baudrillart. 

    "Si l'on parcourt la liste des quarante premiers membres de l'Académie française, on s'aperçoit que la docte Compagnie fut moins, à l'origine, une institution destinée à honorer le mérite littéraire qu'une « sélection de gens d'esprit amateurs de bonne langue et de bons ouvrages ». Ainsi l'entendait le cardinal de Richelieu, son fondateur, grand protecteur des Lettres.

    Le clergé, à ce titre, y fut donc, sous l'ancien régime, largement représenté; mais la plupart des noms inscrits aux archives de l'Institut sont, aujourd'hui, inconnus. Quelle trace ont laissée Nicolas Bourbon, Jacques Esprit, Paul Bignon, Jean Terrasson, oratoriens? Qui se souvient encore des abbés Massien ou Mirabaud, Girard ou Gédoyn, ou Gaillard, si ce n'est parce que ce dernier se fit siffler en pleine séance?
    Mgr Duchesne est le cent dix huitième ecclésiastique élu à l'Académie française et, en prenant place au Palais Mazarin, il verra certainement défiler, comme en un « rêve » à la Détaille, l'infinie variété de ses prédécesseurs. Abbés poètes : Cotin, Cassagne, Boyer; évêques du grand siècle: Bossuet, Fléchier, nelon; cardinaux politiques: Polignac, Fleury, Dubois, de Bernis ; prélats mondains : de Boismont et lés trois cardinaux de Rohan avec leur train princier : le premier, d'une beauté si extraordinaire, qu'on ne l'appelait que « la belle Eminence »; le second, élu académicien à vingt-quatre ans; le troisième, rendu populaire par l' « Affaire du Collier ».

    Il apercevra, lui faisant cortège, un grand maître de l'Université, ministre des cultes, en robe blanche de dominicain : Frayssinous ; un archevêque, pair de France et grand homme de bien : Mgr de Quélen; un docte représentant de l'Assemblée nationale : Dupanloup.-

    Tout près de lui, seront le plus grand orateur de son temps : Lacordaire; un homme de science, vaste esprit et noble coeur : Gratry; puis, solennel, satisfait de voir honorer en sa personne la sainte Eglise et portant partout son piédestal avec lui : le cardinal Perraud; enfin, l'oeil narquois et ne s'étonnant de rien, pas plus des grandeurs que de son extraordinaire fortune, le cardinal Mathieu.

    Ce par quoi Mgr Duchesne ressemblera à son prédécesseur, c'est que, parmi les Immortels, l'on voit plus d'un pontife à robe courte, il ne pontifiera pas. Entièrement dépourvu de cette espèce de suffisance appelée par le cardinal Manning l' « officialisme » du clergé, lequel consiste, pour celui-ci, à tirer de son caractère sacré une sorte d'orgueil qui, des fonctions, s'étend à la personne, il ne porte pas à la diable son bonnet de docteur ni sa calotte ecclésiastique comme le fameux cardinal; mais ayant, comme lui, curieux de toutes choses, traversé la vie en s'y intéressant passionnément, il sait donner de la vie à tout ce qu'il présente, même à la plus sèche érudition.

    Historien intègre et indépendant, ce qu'il représentera surtout sous la Coupole, c'est lui-même dans l'unité de sa vie, qui fut la recherche de la vérité.
     "

    Claude D'Habloville in Les Annales Politiques et Littéraires.




    Louis Duchesne par Francisque Poulbot, in Les Hommes du Jour n° 159, 4 février 1911. Poulbot (1879-1946) est le créateur des célèbres Poulbots parisiens, gamins délurés des rues de Montmartre.

    Duchesne par Poulbot, 1911.

    Dans ce numéro du mensuel irrévérencieux, le suisse  Victor Snell, par ailleurs journaliste au Canard Enchainé et à l'Humanité, note à propos de son élection  et des relations de Duchesne avec Pie X : " S'il se fut agit de décider entre Monseigneur Duchesne et le grand-maître de la Franc-Maçonnerie; c'est encore à celui-ci que le pape lui aurait accordé son vote" !


    XXX


    Médaillon d'Hippolyte Lefebvre, recto et verso.

    "Moins inattendus et moins rares, mais 'une belle réussite néanmoins, sont les résultats qu'ont obtenus du métal M. Hippolyte Lefebvre dans son médaillon  vivant de Mgr Duchesne."  in Art et décoration, 1911. Grand Prix de Rome de sculpture 1892, le sculpteur académique Lefebvre  (1863-1935) avait obtenu une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900 à Paris et est reconnu pour ses œuvres à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. A Mondeville, Calvados, un quai de l'Orne porte son nom.


    XXX


    LA RECEPTION SOUS LA COUPOLE


    Le jour de réception, Agence Rol, 1911.

    Deux jours avant sa réception à l'Académie Française, Louis est frappé par un deuil, celui de sa sœur Anne-Marie Miniac, née Duchesne, morte à Saint-Servan.  Annoncé par Gil Blas et La Croix, son décès fait la Une du Figaro du 25 janvier 1911 :



    Louis Duchesne par le caricaturiste Caran d'Ache (1858-1909), pseudonyme d'Emmanuel Poiré.


     
    Duchesne et Lamy, in Les Annales, 29 janvier 1911.
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    Une du Ouest-Eclair, 27 janvier 1911.


    A l'Académie Française, la réception de Mgr Duchesne a lieu le jeudi 26 janvier 1911. Il est fort intéressant d'entendre un prélat louer un autre prélat. Mgr Duchesne s'acquitte de cette tâche avec beaucoup de malice, d'habileté et d'esprit, en enfilant les anecdotes devant une salle comble comptant Augustine Bulteau, la poétesse lyrique Anna de Noailles qui tient un salon couru et  la monarchiste dreyfusarde Elizabeth de Caraman-Chimay, Comtesse Greffuhle et protectrice de Branly :



    Elizabeth de Caraman-Chimay, Comtesse Greffuhle,  en 1905,
    par Philip Alexius de Laszlo, dp.



    Anna de Noailles, en 1913, dp.




    Discours de Mgr Duchesne ( in Annales Politiques et littéraire du 29 janvier 1911, p 16) :





    "Messieurs,

    Dans les jours qui précédèrent immédiatement son élection à l'Académie, je voyais souvent le cardinal Mathieu. Ce sont des jours de grande angoisse. On n'est guère d'humeur à parler d'autre chose que de vous, de vos dispositions, de vos combinaisons, de vos votes probables. Le cardinal, n'ayant pas de concurrent, semblait être dispensé de s'émouvoir. Il était pourtant fort inquiet, sans
    doute pour se conformer à l'usage. Comme je m'efforçais de le rassurer, il se montrait touché de mes bons offices et me promettait sa succession. Cela ne me flattait qu'à moitié : il m'avait déjà promis d'autres successions, très invraisemblables. Je le laissais dire, admirant en silence combien l'approche de l'élection rend les candidats bienveillants.

    Un an plus tard, en compagnie de l'un d'entre vous, de celui qui avait eu l'honneur d'accueillir ici le cardinal, je montais les degrés de; la basilique de Saint-Pierre. Je m'entendis tenir le propos suivant :

    Il y a, me semble-t-il, assez longtemps que vous êtes à l'Académie des Inscriptions.
    Ne songerez-vous pas, un jour, à pousser jusqu'à la salle voisine?

    Ce n'est pas à mon âge, messieurs, que l'on prend de telles exhortations pour des appels célestes. La vocation m'est venue plus tard, et non point de ces aimables paroles, ni des émotions de mon prédécesseur. Comment m'est-elle venue? N'a-t-elle pas été trop audacieuse? Il y en a, sans doute, qui le pesent et je ne serais pas loin d'être de leur avis.

    LE CLERGÉ ET L'ACADÉMIE

    La place que je viens occuper ici l'a été avant moi par deux cardinaux, deux princes de l'Eglise, qualifiés de bien des manières, et spécialement par leur rang, pour représenter ail milieu de vous le clergé de France. A côté d'eux, je ne suis vraiment qu'un bien petit personnage ecclésiastique. Joignez à cela que ma vie n'a pas été consacrée au ministère pastoral; qu'elle s'est dépensée, je dirais volontiers dissipée, dans les études. Voilà des raisons de ne pas m'élire. Il y en a beaucoup d'autres, que je ne veux pas relever, car ce n'est peut-être pas mon rôle. Et puis, il est désormais trop tard.

    Du reste, ce n'est pas de moi que j'ai à vous parler en ce moment : c'est du cardinal Mathieu.

    LA FAMILLE ET L'ENFANCE DU CARDINAL MATHIEU

    François-Désiré Mathieu était à Einville-le-Jard, localité peu pittoresque où, pourtant, les ducs de Lorraine avaient un château et des jardins merveilleux. C'est sous leurs Ombrages, disent les mauvaises langues du pays, que l'on envoyait les duchesses dans les moments l'on n'avait que faire d'elles au palais de Lunéville. Quant au village, on n'a pas ouï dire qu'il s'y soit passe quoi que ce soit de mémorable avant la naissance du cardinal. Cet événement eut lieu en 1839, par une belle journée de printemps. Aussitôt arrivé à la lumière de Lorraine, le nouveau-né la salua d'un sourire satisfait. Ce détail, je dois le reconnaître, n'a pas été enregistré dans la Chronique d'Einville; mais, fallût-il donner une légère entorse aux règles de l'histoire, on devrait le conclure de tout le développement qui va suivre. Mathieu fut toujours optimiste et souriant. Il a commencer comme il fut toute sa vie, comme il finit.

    Sa famille, j'allais dire sa tribu, car on y était, on y est même encore fort nombreux, jouissait dans le pays d'une indiscutable considération. Son père avait étudié pour entrer dans les ordres; c'était un homme d'une certaine culture. Rentré dans la vie de paysan, il ne tarda pas à inspirer à ses compatriotes une telle confiance que, tant qu'il fut disponible, ils ne voulurent que lui pour chef de
    leur municipalité. La mère n'était pas moins respectable. Mathieu conserva longtemps ses vieux parents, plus longtemps encore une soeur qui, de bonne heure, s'était sentie appelée à la vie religieuse. Elle mourut prieure de Bénédictines, assez tard pour voir de bien mauvais jours. Ils s'aimaient tendrement. Un jour, elle eut le plaisir de lui rendre un service signalé. Le président de la République s'était annoncé à Rome, en des circonstances et conditions qui jetèrent le cardinal dans
    la plus grande perplexité, car il lui était tout aussi impossible de voir le chef de l'Etat que de ne pas le- voir. L'excellente soeur sauva la situation en tombant tout à coup malade, ce qui fit accourir son frère et lui procura le plus légitime des alibis.
    La vocation ecclésiastique, devant laquelle le père avait reculé au dernier moment, s'imposa plus fortement au fils. Après ses premières études au séminaire de, Pont-à-Mousson, il entra, à l'âge encore tendre de seize ans, au grand séminaire de Nancy. Quelques années plus tard, il revenait à Pont-à-Mousson comme professeur. Il devait v rester vingt ans, toute sa jeunesse...


    L'ABBÉ MATHIEU

    Avec son naturel sérieux au fond, mais rieux sans rêverie, avec sa finesse paysanne, son calme légèrement malicieux, sa joie instinctive, l'abbé Mathieu vivait dans son collège comme un poisson dans l'eau. Ceux qui l'y ont vu en témoignent par leurs souvenirs et leurs anecdotes. Il suffit de connaître l'homme et le milieu pour sentir à quel point ils étaient faits l'un pour l'autre.
    Dans la douceur de ces années, il fut rangé par la grande catastrophe nationale. Envahie dès les premiers jours, occupée plus longtemps que le reste du pays, la terre de Lorraine endura les plus longues amertumes. Ce furent de tristes vacances que celles de 1870. L'abbé, retiré chez ses parents, assistait son père dans les soins que la présence de l'ennemi imposait au magistrat municipal. Plus d'un bulletin de réquisition fut libellé par votre futur confrère.
    Le petit séminaire de Pont-à-Mousson servait à loger les troupes allemandes. Désoeuvré dans ces mois lamentables,, le jeune professeur allait, de temps à autre, voir ce que devenait la chère maison d'études. Les impressions qu'il en rapportait ne servaient, qu'à renforcer sa tristesse.
    Quand revinrent des jours plus calmes, les abeilles se rassemblèrent de nouveau et la ruche reprit son travail. L'abbé Mathieu, chargé du cours d'histoire, enchantait ses élèves par son entrain autant qu'il les émerveillait de son savoir. Il s'attachait, en particulier, à les intéresser au passé de leur pays, et cela l'induisit en des recherches assez étendues. Elles aboutirent, en 1878, à une thèse de doctorat : L'Ancien Régime en Lorraine et en Barrois, d'après des documents inédits (1698-1789). C'est un livre
    d'une érudition sobre et sûre, fruit de recherches intelligentes dans les archives de Lorraine et de Paris. L'auteur ne s'était pas borné à consulter les documents officiels moins instructifs, en bien des
    cas, qu'il ne semblerait d'abord; il avait pu dépouiller des mémoires rédigés au jour le jour, se conservaient des impressions contemporaines. 09 tout cela résultait une sérieuse étude des institutions en vigueur, quelquefois en décadence, sous les derniers ducs et dans les premiers temps du régime français. Religion, justice, finances, administration, opinion publique, le regard pénétrant de l'abbé Mathieu se porte sur tout, et toujours avec ce grand calme qui est une si précieuse garantie d'équité. On lui sut gré d'avoir rapporté les choses telles qu'il les avait vues, sans aucune préoccupation d'apologie ou de, dénigrement.

    XXXXXX

    Impertinent prélat, Duchesne ne cite Dieu qu'une fois dan son discours, et encore dans une expression populaire : " Dieu sait que"... Autant dire que la foi n'est pas la préoccupation cardinale de l'agnostique historien.

    Ouest-Eclair, 27 janvier 1911.
     
    Jules Haize in Revue du Pays d'Aleth, 1911.


    A l' Académie, Louis occupe désormais le fauteuil N° 36, succédant ainsi à  cette place à Marin Cureau de La Chambre élu en 1634, Pierre Cureau de la Chambre élu en 1670, Jean de la Bruyère élu en 1693, l'abbé Claude Fleury élu en 1696, Jacques Adam élu en 1723, Joseph Séguy élu en 1736, le cardinal Louis de Rohan en 1761, Jean Devaines en 1803, Evariste de Parny en 1803, Etienne de Jouy en 1815, Adolphe Simonis Empis en 1847, Auguste Barbier en 1869, le cardinal Adolphe Perraud en 1882 et le cardinal François-Désiré Mathieu en 1906.


    L’œuvre de pourfendeur de légendes, étranger à ses propres intérêts matériels, lui ayant valu jadis d’être menacé de pendaison à Toulouse, son élection l’autorise à déclarer que « dans le midi, il n’y a de bien pendu que les langues ».


    Message du physicien Edouard Branly, précurseur de la radio et ancien collègue professeur de Duchesne à l'Institut catholique, adressé à ce dernier, sans doute à l'occasion de l'élection de Branly à l'Académie des Sciences le 20 janvier 1911.
    (Collection Marie-Anne Miniac)

    DUCHESNE VERSUS PAPE
    Après l'élection de Duchesne à l'Académie, affront aux yeux de certains catholiques français, la presse ultra-catholique italienne s'attaque violemment à lui, relayant des ragots parisiens selon lesquels il aurait  injurié le pape. Il est vrai qu'après 1910, Duchesne ne prend plus de gant avec ce pape centralisateur et romanisant. "C'est le pape qui a déclenché la campagne de presse" pense-t-il. "Nous vivons en ce moment dans le clergé un régime de terreur" confie-t-il en septembre 1910 celui qui s'est déjà attaqué aux "traditions provençales", en songeant à Pie X, pape en proie à la paranoïa, "hanté de conspirations" selon son expression, et qui mène la campagne de presse contre Duchesne. "On a dit que les Provençaux gardaient rancune à Mgr Duchesne d'avoir détruit plusieurs de leurs légendes, notamment celle de sainte Marthe domptant la Tarasque.", notent les Annales politiques et littéraires du 26 février 1911.  Là, Duchesne s'est attaqué à plus forte partie que les Provençaux... Le 13 juin 1911, il écrit à sa confidente Augustine que l'obsessionnel Pie X : " ne voit que modernistes, à droite, à gauche, en haut, en bas " !


    Pie  utilisant croyance et bêtise contre le modernisme.

    Le 20 juin, Augusto Zucconi, le directeur des éditions pontificales Destrée, publie un opuscule pour défendre Duchesne de ses détracteurs.

    Le 15 août 1911, comme à l'accoutumée, Louis déjeune au presbytère de Saint-Servan où le curé porte un toast en l'honneur du nouvel académicien. Mais devant la campagne de calomnies qui sévit déjà contre lui, Louis en pleurs répond aimablement au curé, jurant de sa fidélité au catholicisme de son enfance. "Né catholique, je veux vivre et mourir catholique", lui dit-il.
    Sans doute est-il un agnostique, selon les opinions de Duine et Loisy, mais qui souhaite ne pas heurter les croyances de sa famille. Probablement est-il davantage un historien de l'Eglise qu'un croyant, un érudit qui composerait aussi par souci de passer d'agréables séjours en bord  de Rance, par son goût pour le mode de vie dans l'univers catholique, par son bonne humeur naturelle, par sa modération personnelle...
    MIS A L'INDEX

    Son « Histoire ancienne de l’ Eglise » est le fruit de décennies de recherches. Mais le modernisme de l’œuvre - attisé par le parti déçu de son élection à l’Académie - heurte la hiérarchie catholique.  

    Le vain combat du pape contre le modernisme, in Almanach de la calotte.

    Le premier septembre 1911, sa version italienne de son Histoire ancienne de l'Eglise antique, jugée trop moderniste par la hiérarchie romaine, est interdite de lecture dans les séminaires et les couvents italiens. Le 9 septembre, cette interdiction est relayée aux familles catholiques, prélude à la mise à l'Index de l'ouvrage en France...



    Une d'Action Française, 2 novembre 1911.
     Appréhendée par Duchesne, la mise à l'index est finalement décrétée par le Saint-Office le 12 janvier 1912.  Ainsi, le pape a fini par faire mettre cet ouvrage à l’index ! Quel scandale, quelle épreuve aussi pour Mgr Duchesne, tiraillé entre son objectivité d’historien et sa charge ecclésiale !

    Un dieu très chrétien et malin comme un satyre

    Duchesne s'incline. Publiquement, il fait amende honorable. Aussi, Louis Duchesne, homme de fidélité, se soumet. « Fidelis » est assurément sa devise. 

    Quotidien L'Action Française, 6 février 1912.


    Mais il  reste intimement meurtri. Brisé. L'esprit caustique qui ne sait se retenir  et qui risque le scandale est touché. "Cette condamnation m'atteint au cœur" confie-t-il à un érudit. Elle forge l'image que ses contemporains ont de lui, elle hante les dernières années de sa vie. Dans le contexte d'une Italie favorable à l'Allemagne, cette mise à l'index indigne l'Etat français.


    Lorsqu'un vicaire servannais est de passage par Rome après Pâques 1912, Louis larmoyant l'interroge sur le fait de savoir s'il peut remettre les pieds dans sa petite patrie. L'archiprêtre de la cathédrale de Dol ne conseille-t-il pas : "Ne lisez pas Duchesne, il est nourri de mauvais livres " ?


     

    LOUIS DUCHESNE A ROME

    Portrait de Louis Duchesne, signée par la princesse impériale russe Olga Bariatinsky (Ольга Барятинский). Il existe une peintre de ce nom (par ailleurs princesse Bariatinskaïa et mariée à Vladimir, comte d'Orlov-Davidov, 1809-1882), mais dont les dates (1814-1875) ne semblent pas correspondre à l'âge de Duchesne  sur cette toile. Peut-être est-ce l'œuvre d'une Olga éponyme ? En effet, après son divorce avec Lidia von Hubbenet, le prince Vladimir Vladimirovich Bariatinsky (Saint-Petersbourg 1874-1941-Neuilly) épouse en 1916 Olga Berestovski (Ольга Берестовский) (1881-1974), veuve de Vladimir Nikolaevich Arsenev.

    Портрет Луи Дюшен, подписанный Императорского Русского Барятинский княгини Ольги (Ольга Барятинский). Существует художник имя (а также Bariatinskaïa принцессу замуж за Владимира, граф Орлов-Давыдов), но даты (1814-1875), кажется, не соответствуют возрасте Дюшен на этом холсте. Возможно, это работа одноименного Ольга? В самом деле, после развода с Лидией фон Hubbenet, князь Владимир Владимирович Барятинский (Санкт-Петербург 1874-1941 Нейи-) жены в 1916 Берестовский Ольга (1881-1974), вдова Владимир Николаевич Арсеньев.
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    Une nature morte signé Bariatinsky daté de 1922. L'auteur de cette toile est la belle-soeur de la princesse Anatole Marie Bariatinsky, auteur de "My russian life", un livre sur les Romanovs paru en 1921, et dont l'époux est un ami personnel du tsar Nicolas II.



    XXX

    Louis Duchesne, portrait par Napoleone Parisani.
    Le peintre réaliste italien Napoleone Parisani (1854- 1932) a son heure de gloire sur la scène artistique romaine  de 1880 à 1900.  Ce comte est le petit-fils de Charlotte Bonaparte et arrière-petit-fils de Lucien-Bonaparte, Prince de Canino et de Musignano.
    Portraitiste mondain doublé d'un paysagiste, notamment de la campagne romaine, il excelle dans une peinture est léchée, lisse, brillante, utilisant la transparence des glacis, dans l'esprit d'un miniaturiste. Intime de Giuseppe Primoli ayant ouvert en 1927 un musée consacré à Napoléon et à sa famille dans son propre palais à Rome, c'est celui-ci, le musée Napoleonico, qui conserve son œuvre. En France, ses œuvres sont conservées au Louvre (Département des arts graphiques) et au musée national Ernest Hébert à La Tronche (Isère). Son buste a été exécuté par Philippe Besnard.

    Louis Duchesne, directeur de l'Ecole Française de Rome nommé dès 1895.
    (Collection Marie-Anne Miniac)
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    Louis Canet, Jean Marx  (1884-1972) et Louis Duchesne.
    L'agrégé de grammaire Canet (1883-) est l'un des disciples préférés de Duchesne. Ce cliché date des années 1912-1919, période durant laquelle Canet est notamment membre de l'Ecole au palais Farnèse (1912-1916). Fils d'un commerçant juif du Sentier, Jean Marx est élève de Duchesne de 1913 à 1915 -  réduisant l'époque de ce cliché-, puis sera un universitaire médiéviste, diplomate au Quai d'Orsay jusqu'à son éviction par les iniques lois de 1940 et ministre plénipotentiaire.

    Dès 1916, Canet est  l'un des trois émissaires officieux du gouvernement français auprès du Vatican durant la Première Guerre mondiale, tout comme Henri Gonse, ancien attaché d'ambassade de France au Saint-Siège, et Cénival. Tous trois travaillent au bureau de presse et de renseignements de l'ambassadeur de France à Rome, Carrère.  Patriote, Duchesne écrit au ministre des affaires étrangères français des notes  sur le Saint-Siège.

    Après-guerre, nommé conseiller pour les affaires religieuses auprès du ministre des affaires étrangères et président du conseil Alexandre Millerand en janvier 1920, l'influent Canet n'a de cesse  de lutter contre  "la coterie qui recrute notre épiscopat en conformité avec les vues de l'Action française", selon le mot de Duchesne en janvier 1921, et que le catholicisme français serve l'influence mondiale de l'Etat,  s'émancipant de l'influence de Rome.
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    LOUIS DUCHESNE ET LES BONAPARTE

    Louis Duchesne à l'avant-plan, au cours d'un pique-nique,  en compagnie du comte Giuseppe Napoleone Primoli (Joseph-Napoléon Primoli : 1851-1927), mondain franco-italien et fils de la princesse Charlotte Bonaparte (petite-nièce de l'Empereur), assis à droite. (Collection Marie-Anne Miniac)
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    De 1899 à sa mort, Louis Duchesne entretient un longue et assidue correspondance avec Primoli qui se fait rendre ses courriers pour destruction

    A Paris, ce neveu de la princesse Mathilde Bonaparte, cousine et ex-fiancée de Napoléon III, fréquente le salon littéraire de cette dernière, rue de Berri,  et y rencontre le jeune Marcel Proust, Flaubert, les Goncourt. Il collabore à la publication des lettres de Théophile Gautier, le bibliothécaire de sa tante. A Rome,  dans son palais, ce confident de Gabriele d'Annunzio  reçoit Guy de Maupassant, Paul Bourget et Sarah Bernhardt.  Le Centre Georges Pompidou conserve un portrait de lui.


    Etudiant au collège Rollin, Primoli est lié au prince impérial de France Louis-Napoléon Bonaparte ( Paris 1856-1879) parfois désigné Napoléon  IV,  seul enfant de Napoléon III, empereur des Français et de son épouse l'impératrice Eugénie. Sa vie est une tragédie puisqu'il meurt le premier juin 1879 à Ulundi, au Natal, actuelle Afrique-du-Sud.  Dans les papiers de Louis Duchesne, la famille conserve ce curieux document :

    XXX

    "Au palais du Foro Trajano, place Trajane, et dans son château de Mandela, la princesse Julie Bonaparte accueille les Français de passage Renan, Hébert, Besnard et, en dernier lieu, l'abbé Duchesne, nommé directeur de l'École de Rome, parmi ses hôtes préférés. " in La Revue des Deux Mondes, 1924. Marquise de Roccagiovine et princesse française comme petite-fille de deux des frères de l’empereur Napoléon Ier, Lucien et Joseph Bonaparte, Julie Bonaparte est née  en 1830 à Rome, et morte le 28 octobre 1900 dans cette même ville. Cousine de l'empereur Napoléon III, la princesse est une personnalité du Second Empire, connue notamment pour son salon littéraire parisien ayant accueilli Sainte-Beuve, Renan et Barbey d'Aurevilly.  "La princesse Julie voulut léguer à Mgr Duchesne, qui l'assista pieusement jusqu'à la dernière heure, le cachet adopté par la famille Bonaparte après la catastrophe de 1815 : un chêne frappé par la foudre mais portant entre ses branches dépouillées de leurs feuilles la mélancolique devise où perce un rayon d'espoir : finchè sol ritorna, jusqu'au retour du soleil." in La Revue des Deux Mondes, 1924.
     
    LOUIS DUCHESNE ET LE CAIRE

    "A la maison de Mariette, 1912." indique la légende de ce cliché.
    Il s'agit la demeure de l'égyptologue français Auguste Mariette, mort au Caire en 1881, dans sa maison même de Boulac (Bulaq), sise au musée Mariette jouxtant le Nil, sur la corniche Maspero d'aujourd'hui.
    (Collection Marie-Anne Miniac)
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    Louis Duchesne, 1912.
    (Collection Marie-Anne Miniac)
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    En 1912, toujours à la direction de l'Ecole française de Rome, Duchesne est nommé directeur de l'Institut Français d'Archéologie Orientale du Caire, de cette Ecole Française du Caire dont il a exprimé le vœu de sa nomination. 

    Cet institut a été créé le 28 décembre 1880, par un décret de Jules Ferry instituant une « Mission permanente au Caire », similaire en Égypte aux Écoles françaises d'Athènes et de Rome. En 1898, il reçut son titre définitif d'« Institut français d'archéologie orientale ». Dès lors, et en collaboration avec le Service des antiquités, l'Institut s'engagea dans des travaux archéologiques sur mes sites suivants : les nécropoles de Meir, Assiout et Al-Qatta,  la pyramide Rêdjedef à Abou Roach, le temple Isis à Dendara. En 1907, l'Institut quitta ses locaux de la rue Maspero pour s'installer dans une ancienne résidence princière, le somptueux palais Mounira.

    Jusqu'à Louis Duchesne, les directeurs de l'IFAO sont :
    Gaston Maspero (1880-1881), Lefébure (1881-1883), Grébaut (1883, 1884-1886), Bouriant (1886-1898), Chassinat (1898-1912), Duchesne (intérim en 1912), puis Lacau (1912-1914).

    Institut français d'archéologie orientale, 37, rue al-Cheikh Ali Youssef, B.P. 11562 Qasr al-Aïny 11441 Le Caire, Égypte.




    Le pape Pie X meurt le 20 août 1914. Une nouvelle fumée  blanche. Un autre est élu. Duchesne œuvre à sa succession. Curieusement, c'est du 26 septembre 1914 que Louis date son testament par lequel il lègue à la famille Miniac décorations, diplômes d'académie et autres pièces de ce type, par lequel  il demande le brûlage de sa correspondance privée et le classment du reste par une "personne amie et entendue".

    La France entre en guerre. Une autre page se tourne. A Rome, Duchesne suit les développements stratégiques du conflit militaire avec passion.

    CASSETTA, L'ALLIE


    Louis Duchesne et le cardinal de la curie romaine Francesco di Paola Cassetta (1841-1919),
     bibliothécaire de la Sainte-Eglise.
    (Collection Marie-Anne Miniac)
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    Ce cardinal est un des rares alliés de Duchesne parmi les prélats romains dans l'affaire de sa condamnation papale. "Un brave homme fort instruit, qui m'a lu sans scandale" dit Duchesne de lui. Alors , "pour être bien vu, il faut être d'un fanatisme furieux, fou." confie Duchesne à propos de l'entourage papale qui, par intérêt et ambition, s'est chargé de mener l'attaque contre lui. Il honnie Mgr Begnini, qu'il estime être le maître d'oeuvre de sa condamnation.

    Duchesne et le modéré Francesco di Paola Cassetta.
     (Collection Marie-Anne Miniac)
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    SAINT-SERVAN, HAVRE DE PAIX

    La pointe de la Cité d'Aleth, en Saint-Servan-sur-Mer ( aujourd'hui en Saint-Malo, France) sur laquelle  Louis Duchesne avait sa maison ( celle isolée au centre du promontoire), aujourd'hui rue de la corderie.


    La vue sur la Rance depuis la maison de Louis Duchesne.
    "Mgr Duchesne aimait l'Eglise, comme sa Bretagne natale, d'un amour solide. Et de même que la splendeur de son palais Farnèse n'avait pu lui faire oublier son humble maison de Saint-Servan, de même la liberté de sa critique n'aurait jamais ébranlé sa docilité d'enfant aux décisions du Saint-Siège. " écrit Bremond dans son Discours de réception à l'Académie française en 1924


    Le panorama sur la Rance depuis sa maison.

    La maison de Louis Duchesne, sur la Cité d'Aleth.
    (Collection Marie-Anne Miniac)


    La maison vue depuis le jardin.
    (Collection Marie-Anne Miniac)


    Le cabinet de travail de Louis Duchesne et sa crédence datant de 1622.
    (Collection Marie-Anne Miniac)

    Son cabinet de travail avec une gouache représentant sa petite chatte noire malicieusement appelée Démonette. (Collection Marie-Anne Miniac)













    Revue du Pays d'Aleth, 1911.



    DUCHESNE ET LE VIN MARIANI


    Affiche de Jules Chéret

    En 1870, Angelo Mariani (1838-1914), préparateur en pharmacie, exploite les vertus stimulantes de la coca du Pérou en créant le vin Mariani à base de vin de Bordeaux et d'extraits de feuilles de coca. Il sut confier la publicité aux plus grandes célébrités de l'époque, notamment littéraires : Louis Duchesne, " Le témoignage des hommes serait bien trompeur si le vin Mariani ne faisait pas de merveilles. Je crois donc qu'il en fera en ma faveur s'il m'arrive jamais d'en avoir besoin.", le pape Léon XIII,  Eugène Grasset, « J'ai à vous adresser mille remerciements, cher Monsieur Mariani, pour ce vin de jeunesse qui fait de la vie, conserve la force à ceux qui la dépensent et la rend à ceux qui ne l'ont plus » (Emile Zola, 1895) , « Cher Monsieur, J'ai reçu un tel secours de votre vin au moment de mes dernières couches que je vous conjure de m'en faire envoyer d'urgence une nouvelle caisse » (Léon Bloy, 1898). Curieux breuvage dont chaque verre contenait l'équivalent d'une ligne de cocaïne pure !

    Louis Duchesne est sollicité pour vanter le célèbre vin Mariani, précurseur du Coca-Cola  : "Le témoignage des hommes serait bien trompeur si le vin Mariani ne faisait pas de merveilles. Je crois donc qu'il en fera en ma faveur s'il m'arrive jamais d'en avoir besoin".


    DUCHESNE ET LE MARECHAL LYAUTEY


    Séance de réception à l'Académie Française sous la direction de Louis Duchesne
    ( assis à droite, à une table). 
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    Statufié de son vivant, Hubert Lyautey (1854-1934) est entré dans l'histoire comme le constructeur du Maroc moderne, élevé à la dignité de Maréchal en 1921.  Clemenceau aurait dit de ce conservateur monarchiste : « Voilà un homme admirable, courageux, qui a toujours eu des couilles au cul… même quand ce n'étaient pas les sienne". Le 31 octobre 1912, Lyautey fut brillamment élu (avec 27 voix) à l'Académie française au fauteuil 14, accueilli par Duchesne qui écrivit son discours de réception. Le 8 juillet 1920, près de huit années après son élection, il est reçu à l'Académie Française au cours d'une séance dirigée par Duchesne



    La séance de réception d'Hubert Lyautey à l'Académie, avec les noms des Académiciens.
    (Cliquer sur la photographie pour l'agrandir)




    Amis de longue date, Lyautey et Duchesne entretienne une ancienne relation épistolaire, comme l'indique ce courrier de 1916 où il est déjà question de l'élection à l'Académie du résident général du Maroc et d'une visite de Lyautey au domaine de La Briantais, propriété de la famille La Chambre en Saint-Servan.
    (Collection Marie-Anne Miniac) (Cliquer pour agrandir)


    Aussi, au soir de la réception, Lyautey n'hésite-t-il pas à dire à son ami Duchesne que sa surdité ne lui a pas permis d'entendre le discours prononcé en son honneur à l' Académie et qu'il vient de le lire !
    (Collection Marie-Anne Miniac) (Cliquer pour agrandir)

    Première page du discours sur Lyautey, manuscrit de Louis Duchesne.
    (Collection Marie-Anne Miniac) (Cliquer pour agrandir)


    Dans le numéro du Temps du premier mai 1937, le journaliste des relations internationales Wladimir Le Fèvre d'Ormesson (1888-1973), ancien officier d'ordonnance de Lyautey et oncle de l'écrivain du bonheur Jean d'Ormesson, indique que le général Lyautey ne connaissait pas Louis Duchesne, directeur de l'Ecole française, lorsqu'en janvier 1917, Lyautey se rendit à Rome pour une conférence interalliée. Faux, comme en témoigne la correspondance plus haute. Absorbé par la conférence, Lyautey diligenta d'Ormesson pour porter ses messages de regrets à Louis Duchesne au Palais Farnèse. Ce dernier demanda à d'Ormesson de lui fournir copie de la correspondance  du général à ses amis pour les lire afin d'écrire son discours à l'académie. Ayant évoqué les voeux de Duchesne à Lyautey dans le train du retour, Wladimir d'Ormesson réunit ces correspondances et s'exécuta auprès de Duchesne.


    Dessin de 1911.

    Le 11 novembre 1920, Duchesne est de retour à Rome en pleine grève générale, au terme d'un épique voyage en train, avec un retard de sept heures. "Me voilà naufragé avec une gouvernante, trois chats et sept colis" écrit-il à propos de son retour en gare, lieu d'une bagarre générale entre cheminots et fascistes.  Avec chats et gouvernante, il traverse Rome à pied, dans une ville en ébullition, entre manifestation fascistes, coups de feu  et bagarres. Amorce du parti fasciste fondé en 1921, les faisceaux italiens de combat ont été créés en mars 1919 par Benito Mussolini. En novembre 1920, les fascistes tuent 9 personnes et font 100 blessés à Bologne.

    SERRER LES PERROQUETS


    Georges Clemenceau en visite à Louis Duchesne au Palais Farnese. 

    Chaque jeudi à Paris, la marquise Arconati-Visconti, amie romaine de Duchesne,  tient par ailleurs un salon où elle reçoit des personnalités progressistes, les "jeudistes" Clemenceau, Gambetta Jaurès, Blum,  la "marquise rouge" prenant jadis la défense du capitaine Dreyfus.


    Louis posant pour le sculpteur...


    ... probablement Philippe Besnard (1885-1971), fils du peintre impressionniste Albert Besnard et auteur d'un buste de Louis Duchesne. A moins qu'il ne s'agisse de Paul Roussel (1867-1928),  prix de Rome 1895 en sculpture, pensionnaire de la Villa Médici jusqu'en 1899  et aussi auteur d'un buste de Louis Duchesne ?



    Le grand peintre impressionniste Albert Besnard et Louis Duchesne à la mythique Villa Médicis si chère au peintre suisse Balthus, à Rome, dont Besnard est le directeur depuis 1913, succédant en cela à Carolus-Duran.

    Besnard sera élu à l'Académie Française en novembre 1924, premier peintre à y être admis depuis 1760. A sa mort, il sera le premier peintre à avoir les honneurs des funérailles nationales de la République française, avant Georges Rouault.




     
    Louis Duchesne en 1920, cliché de l'agence Meurisse.



    Louis Duchesne au Palais Farnese en  avril 1921, en compagnie de Mlle Rosa Bucle, la fidèle servant l'accompagnant l'été à saint-Servan, et sa chatte blanche.
    (Collection Marie-Anne Miniac)
    Le 21 juillet 1921,  Nicholas Murray Butler, Prix Nobel de la Paix 1931 et  président de la Columbia University,  vient à l'Académie Française.

    Louis Duchesne, 77 ans, à gauche, puis Ribot, lors de la réception du jovial Butler, en canotier. A l'écart, à droite, l'académicien Alfred Baudrillart, élu en 1918, malheureux rival de Duchesne en 1910 et "émule de Cauchon" selon le mordant Paul Claudel.
    (Cliché Agence Meurisse, 1921.)





    Louis Duchesne, peut-être en 1914, avec cet air à la Jean Gabin
    (Collection Marie-Anne Miniac)
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    A Rome, le premier janvier 1922, Louis Duchesne représente la colonie française aux vœux de l'ambassadeur de France auprès du Saint-Siège, Charles Jonnart.

     
    La Croix, 3 janvier 1922.

    Le 12 avril 1922 à midi, le pape Pie XI reçoit Duchesne en audience.

    « Je serre les perroquets et j’entends déjà la voix qui commandera : mouille ! ».

    Le 21 avril 1922, la mort surprend ce « chêne tourmenté » au palais Farnèse , alors qu’il y dirige depuis vingt-sept ans l’ Ecole française.  Celui qui, en 1921,  avait assuré au ministre de quitter cette charge au 30 juin prochain est devancé par la camarde. Jamais l'octogénaire sans pension et indifférent à l'argent n'ira à la parisienne Fondation Thiers, gérée par Alfred Croiset, Ribot Lippmann et son ami  historien de l'Eglise Alfred Rébelliau, ni ne  deviendra conservateur du Musée Jacquemart-André comme il l'espérait ou encore conservateur en chef du château de Versailles comme Madame Bulteau l'envisageait pour lui, ni  n'ira prendre sa retraite dans son  cher Saint-Servan.

     
    La Croix, 23 avril.
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    Son œuvre est saluée par la grande presse internationale, notamment par le Times qui rend un hommage à ce docteur honoris causa de Cambridge.

    Même le quotidien communiste français L'Humanité y va de ses louanges dans sa page La vie intellectuelle !

    L'Humanité, 14 mai 1922.
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    Ouest-Eclair, 22 avril 1922.

    Ouest-Eclair, 23 avril 1922.


    Le Caravage, toile dans l'église Saint-Louis-aux-Français.
    C'est à Saint-Louis-aux-Français, une église romaine, qu'ont lieu les obsèques italiennes de Louis Duchesne, sous les ors  baroque et les toiles du Caravage. Sans fleur, ni couronne, ni discours, selon ses dernières volontés. Mais, outre Alexandre Miniac à la tête du cortège,  avec un parterre de personnalités : quatre ambassadeurs, une poignée d'académiciens français, dont son rival Baudrillart, directeur de l'Académie française,  et ce père Le Floc'h qu'il a tant combattu, des représentants de la noblesse romaine, des ministères italiens du nouveau gouvernement Luigi Facta.  Absent, le roi d'Italie Victor Emmanuel III s'est fendu d'un courrier de condoléances. Le quinquagénaire souverain de la maison de Savoie a d'autres chats à fouetter :  son royaume est au bord de la guerre civile, avec la montée des  violences fascistes contre les socialistes. Dans six mois, après la marche des fascistes sur Rome contre laquelle il refusera de décréter l'état de siège et la démission de Facta, il nommera leur chef, Benito Mussollini à la présidence du Conseil...

    Le temps, 27 avril 1922.
    (Agrandir pour lire)
    Dans le cortège, tous les pensionnaires de la Villa Médici assistent aux funérailles, notamment le graveur Albert Decaris ( 1901-1988), le  lozérien Louis Rigal (1889-1955), peintre de l'Algérie, et l'architecte Jacques Carlu ( 1890-1976), auteur du Palais de Chaillot au Trocadéro (1938), de l'immeuble de l'Otan (1959), porte Dauphine.
    La Croix, 27 avril 1922.


    LA MORT D'UN IMMORTEL


    Le 2 mai 1922, la foule sur les trottoirs aux obsèques malouines de Monseigneur Duchesne,
    devant l'église paroissiale de Sainte-Croix,
    à Saint-Servan-sur-Mer, en Ille-et-Vilaine.
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    La procession funèbre remontant depuis l'église paroissiale Sainte-Croix.
    (Collection Marie-Anne Miniac)
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    Les obsèques de Louis Duchesne, à la petite chapelle Saint-Pierre, à la Cité, aujourd'hui détruite.
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    Le « Renan malouin » repose désormais dans le charmant petit cimetière du Rosais, face à cette Rance émeraude qu’il chérissait tant.
    Le 29 septembre 1922, sa confidente, Augustine Bulteau, meurt à son tour. Dom Henri Quentin, l'exécuteur testamentaire de Duchesne, brûle sans doute la correspondance privée de Duchesne, notamment celle de Bulteau reçue par Duchesne. Dommage. Par bonheur, sa correspondante lègue celle reçue de Duchesne à la Bibliothèque Nationale de France, malgré les demandes répétées de Louis Duchesne pour la faire disparaître.


    LA VACANCE DU FAUTEUIL 36

    L'Humanité, 13 juin 1922.
    "Une élection chez les dieux
    Les Immortels ayant parfois la faiblesse de mourir, on remplace par élection les défaillants. C'est ce qui advint hier sous la coupole de l'Académie Française, peuplée, comme on sait, de vieillards qui ne demandent qu'à vivre et à vivre largement.
    Trois fauteuils étaient vacants ceux dans lesquels avaient trôné M. Jean Aicard (il y eut un dieu qui écrivait des vers et qu'on, appelait Aicard), Mgr Duchesne (dieu très chrétien et malin comme un satyre) et M. Paul Deschanel (dieu de la foudre et des éclairs au café).
    Après bataille de billets, deux candidats ont obtenu l'investiture de l'immortalité bourgeoise : Henri Brémond, historien de la religion, honnête homme et bon écrivain ; M. Jonnart, esprit politique, tel Mercure, dieu des marchands. Au moment où les candidats black-boulés redescendaient la côte de l'Olympe, on aperçut une figuré pâle, un personnage armé d'un solide gourdin et entouré d'éphèbes hurlants. Ni bacchante, ni ménade, ce malvenu n'était autre que le sieur Maurras qui prétendait entrer dans le temple des dieux aussi facilement qu'à Saint-Germain-l'Auxerrois. Une petite manifestation organisée par ses fidèles n'a pu lui faire oublier que la côte est dure quand on la descend sur son derrière. "
    in L'Humanité, janvier 1924.

    Sous le regard de Paul Miniac, légataire universel de son oncle Louis Duchesne, poignée de mains entre Alexandre Miniac et l'abbé Henri Brémond lors de la réception de ce jésuite moderniste à l'Académie Française en 1924, au fauteuil n° 36, celui de Louis Duchesne.
    ( Photographie de l'agence Rol, 4, rue Richer, Paris, IXème, paru dans le n° 4239 de la fameuse revue L'Illustration)

    Le 22 mai 1924, dans son Discours de réception à l'Académie française, Bremond reçu par Henry Bordeaux honore  la mémoire de son prédécesseur.
    A la suite d'Henri Brémond, André Bellesort sera élu en 1935 au fauteuil n° 36, suivi de René Grousset élu en 1947, de Pierre Gaxotte en 1953, de Jacques Soustelle en 1983, de Jean-François Deniau en 1992 et enfin, dernier en date,  de Philippe Beaussant en 2007.
    "Aussitôt que le Constitutum de Vigile et le 5e concile entrent en cause, cela peut devenir très grave. Je vous ai déjà dit ce qui est arrivé à Mgr Duchesne. D’autant que le P. Vosté ne supportera pas cela avec sérénité. Je crois devoir vous dire, par affection, et puisque vous le désirez, de ne pas publier sans en avoir parlé à des personnes qui sonderaient même le S. Père. Cela va jusque-là. Évidemment la vérité a ses droits. Vous me direz que moi-même je n’ai pas craint de me compromettre. Mais sur des questions agitées où il y allait de l’honneur de l’Église et du salut de beaucoup de personnes qui étaient inquiètes, troublées." écrit Marie-Joseph Lagrange à Robert Devreesse le 6 janvier 1930.
    En 1954, Alexandre Miniac complète ce dépôt à la Bibliothèque nationale par des manuscrits, suivi, en 1967, d'un dépôt de sa veuve,  Yvonne Wislin, en conformité avec ses dispositions testamentaires.
    Par la suite, en 1973, le pape Paul VI rétablit l’honneur du « sulfureux Monseigneur ».
    En 1988, l’historienne Brigitte Waché lui consacre une thèse de doctorat d’état.
    La géographie publique garde trace de Louis Duchesne, notamment une rue Abbé Duchesne à Saint-Brieuc et une rue Monseigneur Duchesne inaugurée à Rennes en 1923, sans évoquer les lieux malouins. 
    Aujourd’hui, divers éléments - une toile au musée de Saint-Malo, le nom d’une école et d’une place malouine, une buste en bronze face aux Bas-Sablons ( offert par le docteur Paul Miniac, de l'Hôtel Manoir Du Cunningham, Saint-Malo, 9, Place Monseigneur Duchesne, Saint-Malo).), une plaque sur sa maison natale,  - perpétuent la mémoire de cet « éminent servannais » aux yeux des autochtones. Clin d’œil irrévérencieux pour cet écrivain qui affirmait « Malouins, vos ancêtres ont été des lions, ne devenez pas des veaux ! ». Il est vrai que ce premier président de la « société d’Histoire et d’archéologie de Saint-Malo » connaissait son sujet !

     
    Critique par Paul Vitry du buste de Duchesne par Philippe Besnard, dans l'article La sculpture aux Salons, in Art et Décoration, 1922.
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    Les mots d'esprit de Louis Duchesne

    Les  bons mots du spirituel et caustique  Louis  Duchesne abondent, dignes de figurer au panthéon d'un Jean Dutourd, érudit intervenant à l'émission Les Grosses têtes de Philippe Bouvard. Dans un monde contemporain où la petite phrase est reine,  
    relevons quelques citations de Louis Duchesne :

    "Malouins, vos ancêtres ont été des lions, ne devenez pas des veaux ! ".
    "C'est un gondolier vénitien dans la barque de Saint-Pierre : il est naturel qu'il la conduise  à la gaffe."  en 1903 ( à propos du pape Pie X nouvellement élu, lequel avait été patriarche de Venise).

    En août 1906,  le même Pie X  interdit aux fidèles français de créer des associations cultuelles par son encyclique Gravissimo Officii Munere. Duchesne raille en la nommant : Digitus In Oculo (« doigt dans l’œil »), signifiant ainsi que l'acceptation  de la laïcité par une partie du clergé.
     « Je serre les perroquets et j’entends déjà la voix qui commandera : mouille ! ».
    Citations sur Louis Duchesne :


    Ouvrages de Louis Duchesne : 
    • Mémoire sur une mission au Mont Athos, avec Charles Bayet, 1870.
    • Le Liber pontificalis, éditions Ernest Thorin, Librairie des écoles françaises de Rome et d'Athènes, Paris.
    • Étude sur le Liber Pontificalis, éditions Ernest Thorin, Librairie des écoles françaises de Rome et d'Athènes, Paris.
    • Origine du culte chrétien, éditions Ernest Thorin, Librairie des écoles françaises de Rome et d'Athènes, Paris.
    • Les anciens catalogues épiscopaux de la province de Tours, éditions Ernest Thorin, Librairie des écoles françaises de Rome et d'Athènes, Paris, 1890.
    • La légende de Ste Marie Madeleine, un article dans les Annales du Midi, volume 5, 1893.
    • Les Premiers Temps de l'État pontifical (754-1073), Albert Fontemoing éditeur, 1898.
    • Saint Jacques en Galice, un article des Annales du Midi, 1900.
    • Allocution prononcée par monseigneur Duchesne au service funèbre célébré dans l'église du Campo Santo dei Tedeschi pour le repos de l'âme de F. X. Kraus, 1902.
    • Origines du culte chrétien : étude sur la liturgie latine avant Charlemagne, 1889, 1903
    • Mémoire sur l'origine des diocèses épiscopaux dans l'ancienne Gaule, 1890
    • Histoire ancienne de l'Église, 3 vol., 1907-1910
    • Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, 2 vol., 1907-1910
    • Discours de réception à l'académie Française, suivi de la réponse de Etienne Lamy, Fontemoing éditeurs, Paris, 1911.
    • L’Église au VIe siècle, Boccard, 1925
    • Scripta minora : études de topographie romaine et de géographie ecclésiastique, reproduction en fac-simile de textes extraits de diverses revues et publications, 1886-1923, 1973
    • Correspondance avec madame Bulteau (1902-1922), Collection de l'École Française de Rome no 427, École française de Rome, Rome, juillet 2010.

    Bibliographie sur Louis Duchesne :

    • Souvenirs d'enfance et de jeunesse, de Renan à Duchesne, in Bulletin critique, 1883.
    • Arthur de La Borderie, Revue de Bretagne et de Vendée, 1888.
    • La Revue de Paris, 15 août 1894.
    • Jean Jaurès, article Entre hommes d'Eglise, in L'Humanité, 27 mai 1910.
    • Victor Snell, in Les Hommes du jour, 1911.
    • Alfred Loisy, Choses passées, 1912.
    • Albert Houtin, Histoire du modernisme catholique, Paris, 1913.
    • Louis Duchesne, Discours de réception de M. le général Lyautey, Paris, Librairie académique Perrin, 1921.
    • L'illustration, n° 4130, 29 avril 1922, article sur la mort de Mgr Duchesne.
    • Friedrich von Hügel, Louis Duchesne, dans le Times Literary Supplément du 28 mai et premier juin 1922.
    • Jean Colin, Mgr Louis Duchesne, l'universel, Rome, 1922.
    • Jean Guiraud, Mgr Duchesne, sa vie et son œuvre, Revue des questions historiques, 1922.
    • Étienne Dupont, Monseigneur Duchesne chez lui, en Bretagne, Rennes, Librairie moderne, 1923.
    • Fernand Chabrol, Monseigneur Duchesne, son œuvre historique, Revue des études théologiques, Oxford University Press, 1923.
    • Henri Brémond, Discours de réception à l'Académie Française, Bloud et Gay, 1924.
    • Gérard d'Abloville, Grandes figures de l'Église contemporaine, Paris, 1925.
    • Alfred Merlin, Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 1925.
    • Leclercq H, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, 1925.
    • Alfred Jeanroy, Notice sur la vie et les travaux de Mgr Louis Duchesne, Paris, 1926.
    • Jean Rivière, Le Modernisme dans l’Église, 1929.
    • Maurice Pernot, L'histoire et l’œuvre de l'école française de Rome, Paris, 1931. Un chapitre est consacré à Louis Duchesne, dont Pernot fut le disciple préféré.
    • Jules Laroche, Quinze ans à Rome avec Camille Barrère, 1948.
    • P G Dal-Gal, Beato Pio X, Padoue, 1951.
    • Jean Bonnerot,  Les manuscrits de la Bibliothèque Victor Cousin, BBF, 1958.
    • Joseph-Napoléon Primoli, Pages inédites, Rome, 1959.
    • Pierre Bizeau et Edouard Jeauneau, Bibliographie du chanoine Clerval (1859-1918), Suivie de Lettres Inédites de Monseigneur Duchesne, Chartres, 1965.
    • Paul Lesourd, Lettres inédites de Mgr Duchesne à Georges Goyau, Revue de Paris, 1967.
    • Jérôme Carcopino, Souvenirs romains, Paris, Hachette, 1968.
    • Pierre de Nolhac, Carnet inédit, Bologne, 1969.
    • Jean Kerlévéo, Paimpol et son terroir, 1971.
    • Bruno Neveu, Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l'École française de Rome, à Alfred Loisy (1896-1917) et à Friedrich von Hügel (1895-1920), 1972.
    • Collectif, Monseigneur Duchesne et son temps (Actes du colloque de 1973), Rome, École française de Rome, 1975.
    • La rente libérale à Genève in Bibliothèque de l'Ecole des chartes, Droz, 1975.
    • Catherine Santschi, Les évêques de Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, Lausanne, 1975.
    • Jean-Marie Mayeur, Monseigneur Duchesne et la politique religieuse de la France pendant la première guerre mondiale, 1976.
    • Jean-Yves Ruaux, Saint-Malo et le pays d'émeraude, Dinan, éditions des templiers, 1990.
    • Thomas Talley, Les Origines de l'année liturgique, éditions du cerf, 1990.
    • Brigitte Waché, préface de René Rémond,  Monseigneur Louis Duchesne, Rome, École française de Rome, 1992
    • Saint-Jacques en Galicie, Annales du Midi, 1900, in Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1992
    • Patrick Saint-Roch, Correspondance entre Giovanni de Rossi et Louis Duchesne, École française de Rome, 1995.
    • Emile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne,  1996.
    • Elisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du moyen-âge, 1997.
    • Claude Brossolette, Monseigneur d'Hulst, 1998.
    • Gilles Foucqueron, Saint-Malo, deux mille ans d'histoire, éditions Foucqueron, Saint-Malo, 1999.
    • Brigitte Waché, communication sur Duchesne au colloque Un siècle d'histoire du christianisme en France, à l'université Rennes-II, les 15-17 septembre 1999.
    • Brigitte Waché, Louis Duchesne et l'histoire du Christianisme, chapitre dans la Revue d'histoire de l’Église de France, Paris, 2000.
    • B. Gicquel, Les chemins de Saint-Jacques, 2000.
    • Emile Mâle, Souvenirs et correspondance de jeunesse, Créer, 2001.
    • Georges Pon, La fondation de l'abbaye de Maillezais, 2001.
    • Brigitte Waché, Mgr Louis Duchesne à l'institut français d'archéologie orientale du Caire en 1912, chapitre dans Mélange de recherches en l'honneur du professeur Georges Jehel, Université de Picardie, 2002.
    • Brigitte Waché , Les Relations entre Loisy et Duchesne, communication au colloque sur le théologien Alfred Loisy organisé à Châlons-en-Champagne en octobre 2003.
    • Pascal Ory, Jérôme Carcopino, un historien à Vichy, 2003.
    • Philippe Buc, Dangereux rituels, 2003.
    • Dominique Avon, Les frères prêcheurs en Orient, 2005.
    • Philippe Simmonot, Les papes, l'Eglise et l'argent, 2005.
    • Emile Goichot, Henri Brémond, historien de la faim de Dieu,  2006.
    • Louis Mollaret, Denise Péricard, Dictionnaire de Saint-Jacques et Compostelle, Gisserot, 2006.
    • Yves-Marie Blanchard, De commencement en commencement, 2007.
    • Jérôme Grondeux, Georges Goyau, 2007.
    • Paul Coulon, Histoire et missions chrétiennes, n° 10, Khartala, 2009.
    • Charles Le Goffic, L'âme bretonne, tome 4, Pyremonde, 2011. 
    • Gérard Bardy, Charles le catholique, De Gaulle et l'Eglise, Plon, 2011.
    • Alain Roman, Un siècle d'Histoire au pays de Saint-Malo, Cristel, 2012.
    • Le mensuel de Commentry, mai 2012.
    • Saint-Malo magazine no 114, décembre 2012, article "patrimoine".
    • Emile Poiteau, Quelques écrivains de ce temps, Grasset.
    • Gustave Bardy, L'Oeuvre de Mgr. Duchesne.
    • Jean-François Miniac, in Les Grandes Affaires de l'Histoire n°2, 2013.
    • Catherine Nicault, Archives Juives, Les Belles Lettres, 2013.
    A consulter :

    La libre Parole : 17 janvier 1909.

    Autres célébrités liées à Saint-Malo :

    • Saint Aaron (VIe siècle), ermite
    • Saint Brendan (c.484- c.571), missionnaire et navigateur, maître de Saint Malo
    • Saint Malo (VIe siècle), ermite et premier évêque d'Alet
    • Bienheureux saint Jean dit de la Grille (ou Jean de Châtillon) (1098-1163), évêque d'Aleth et premier évêque de Saint-Malo
    • Josselin de Rohan, (c. 1320-1388), évêque de Saint-Malo
    • Guillaume de Montfort, (fin XIVe siècle - 1432), évêque de Saint-Malo,   cardinal en janvier 1432.
    • Pierre de Rieux (1389-1439), gouverneur de Saint-Malo et maréchal de France
    • Guillaume Briçonnet (1445-1514), évêque de Saint-Malo, ministre de Charles VIII et cardinal
    • Denis Briçonnet(1473-1535), évêque de Saint-Malo, fils du précédent, artisan de la réforme de l'Eglise.
    • Jacques Cartier (1491-1557), découvreur et explorateur du Canada (Nouvelle-France)
    • François Gravé sieur du Pont (1560-1629), marchand, navigateur et explorateur du Canada
    • Le père François Nepveu (1639-1708), jésuite et écrivain français
    • Jean Magon de la Lande (1641-1709), corsaire, armateur et négociant
    • Siméon Garangeau (1647-1741), officier, architecte et ingénieur du roi
    • Noël Danycan de l'Epine (1651-1731), corsaire, armateur et négociant
    • Jacques Gouin de Beauchêne (1652-1730), navigateur et découvreur des Mers du Sud (Malouines)
    • Pierre Perrée du Coudray de la Villestreux (1656-17??), corsaire, armateur et navigateur, découvreur des Mers du Sud
    • Phillip Walsh (1666-1708), corsaire et armateur
    • Guillaume Dufresne d'Arsel (1668-17??), capitaine, navigateur, colonisateur de l'île Maurice et introducteur du café aux Mascareignes
    • René Duguay-Trouin (1673-1736), corsaire, Lieutenant-Général de la Marine sous Louis XIV
    • François-Auguste Magon de la Lande (1679-1761), négociant, armateur, navigateur et corsaire
    • Nicolas-Charles-Joseph Trublet (1697-1770), homme d'église et moraliste, rival de Voltaire
    • Pierre Louis Maupertuis (1698-1759), mathématicien et astronome
    • Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais (1699-1753), navigateur et administrateur des Mascareignes, fondateur de Port-Louis
    • Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier (1705-1786), navigateur et explorateur (île Bouvet)
    • Julien Offray de La Mettrie (1709-1751), médecin et philosophe
    • Mathieu Loyson de La Rondinière (1710- 1773), corsaire et armateur
    • Jacques Yves Blondela de Taisy (1713-1788), corsaire
    • Antoine-Jean-Marie Thévenard (1733-1815), officier de marine et ministre de la marine de Louis XVI, sénateur et comte d'Empire
    • Vincent de Gournay (1712-1759), négociant et économiste
    • Marc-Joseph Marion du Fresne (ou Marion-Dufresne) (1724-1772), navigateur et explorateur (île Marion)
    • François Chenard de la Giraudais (1727-1776), navigateur et explorateur
    • Pierre-Joseph de Clorivière (1735-1820), jésuite
    • Pierre-Jacques Meslé de Grandclos (1728-1806), armateur et négociant
    • Joseph Quesnel (1746-1809), poète
    • Bernard Thomas Tréhouart (1754-1804), armateur et maire de la ville
    • André Désilles (1767-1791), officier lors de la Révolution
    • François-René de Chateaubriand (1768-1848), écrivain, diplomate
    • François Broussais (1772-1838), médecin
    • Robert Surcouf (1773-1827), marin, commerçant, armateur, corsaire
    • Pierre-Louis-Auguste Ferron (1777-1842), homme politique, ministre des Affaires étrangères sous la Restauration
    • Félicité Robert de Lamennais (1782-1854), prêtre, philosophe et écrivain
    • Jeanne Jugan (1792-1879), religieuse ayant fondé la congrégation des Petites sœurs des pauvres à Saint-Servan, canonisée en 2009
    • Jean-Marie Duhamel (1797-1872), mathématicien et physicien
    • Hippolyte de la Morvonais (1802-1853), poète
    • Auguste-Léopold Protet (1808-1862), officier de marine et fondateur de la ville de Dakar
    • Louis Jean Noël Duveau (1818-1867), artiste peintre
    • Eugène Hawke (1830-1914), architecte
    • Edouard Riou (1833-1900), illustrateur
    • Adolphe Julien Fouéré (1839-1910), prêtre, sculpteur des rochers sculptés de Rothéneuf
    • Louis Duchesne (1843-1922), prêtre, historien, membre de l'Académie Française
    • Ferdinand-Jean-Jacques de Bon (1861-1923), amiral, chef d'État-major de la marine durant la Première Guerre mondiale
    • Jean-Baptiste Charcot (1867-1936), médecin, navigateur et explorateur
    • Joseph Huet (1875-1917), capitaine au long cours
    • Louis Aubert (1877-1968), compositeur
    • Edmond Miniac (1884-1947), avocat général à la cour de cassation.
    • Alexandre Miniac (1885-1963), architecte.
    • Théophile Briant (1891-1956), poète
    • Joseph Pouliquen (1897-1988), héros de la France Libre, créateur de l'escadrille Normandie-Niémen
    • Guy La Chambre (1898-1975), homme politique, maire de la ville de 1947 à 1965, ministre de la IIIe et de la IVe Républiques
    • Suzy Solidor (1900-1983), chanteuse
    • Alain Cuny (1908 - 1994), acteur
    • Daniel Gélin (1921-2003), acteur
    • Jacques Villeglé (né en 1926), affichiste, plasticien